Éditorial : Sécurité nationale : L’urgence d’agir ensemble

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Les événements tragiques du 17 septembre dernier à Bamako ne sont ni les premiers, ni les seuls incidents qui devraient nous pousser à réagir. En réalité, la récurrence de tels drames souligne une faille majeure dans notre gestion sécuritaire, exacerbée par une série de comportements ancrés dans nos mœurs et habitudes. Si les régimes militaires successifs que le Mali a connus (Moussa Traoré, ATT, Sanogo, et la transition actuelle) ont souvent été décrits comme autoritaires et policiers, la réalité semble bien différente. Le laxisme ambiant et l’inaction face à des menaces de plus en plus sophistiquées nous exposent à un danger croissant, et la population joue un rôle central dans ce processus.

Bamada.net-Le droit administratif, tel que défini dans le Journal du Droit Administratif français, précise que les régimes d’exception permettent, en situation de péril, de s’affranchir de certaines règles pour protéger la sécurité publique au détriment des libertés individuelles. Cependant, en observant le Mali, force est de constater que nos régimes dits d’exception n’ont pas véritablement adopté cette posture. Au contraire, les libertés publiques semblent plus tolérées que jamais, même lorsqu’elles facilitent indirectement des infiltrations et des attaques terroristes, comme celles qui ont endeuillé notre capitale en septembre.

 

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Nos installations militaires, autrefois bastions de protection, sont devenues des lieux de passage pour toutes sortes de personnes : vendeurs ambulants, mendiants, charlatans. Ces dérives laissent la porte grande ouverte à des individus mal intentionnés, prêts à exploiter la moindre faille. Comment, dans ce contexte, s’étonner des attaques récurrentes contre nos bases et camps militaires, qui deviennent des cibles faciles, vulnérables à toute tentative d’infiltration ? Le laisser-aller qui caractérise notre approche sécuritaire ne fait qu’amplifier les risques.

Mais cette insécurité n’est pas seulement le fruit de la négligence des autorités. Elle est aussi le résultat de nos comportements collectifs. Les Maliens, par crainte de représailles ou par indifférence, préfèrent souvent détourner les yeux lorsqu’ils sont témoins d’activités suspectes. Une anecdote rapportée par un villageois est révélatrice de cette réalité : les dénonciations de terroristes, au lieu d’être prises au sérieux, sont parfois relayées aux criminels eux-mêmes, créant un climat de peur et de défiance au sein de la population. Ce manque de confiance envers les autorités est l’une des principales failles dans la lutte contre l’insécurité.

Pourtant, l’implication de la population est cruciale. Dans un documentaire danois de 2019, il est apparu que 85 % de la population participe activement à la sécurité nationale. Au Mali, nous en sommes encore loin. Ce déficit d’engagement citoyen est un obstacle majeur. Chaque citoyen devrait se sentir investi dans la sécurité de son pays. Il est impératif que nos services de renseignements rétablissent la confiance avec la population en garantissant la confidentialité des informations reçues et en prenant des mesures concrètes pour protéger les sources.

Les camps militaires, de leur côté, doivent être sécurisés de manière drastique. Il ne peut plus être question de les laisser ouverts à tout vent. Leur éloignement des zones urbaines et des marchés, bien que critiqué par certains, est une mesure de bon sens dans une ère où le terrorisme ne connaît aucune frontière. La proximité avec des lieux de forte concentration humaine est un risque inacceptable.

Le Mali, confronté à une menace terroriste grandissante, ne peut plus se permettre l’indifférence. Il est temps de repenser notre approche sécuritaire. Nous devons prendre conscience que notre sécurité dépend de notre vigilance collective. Il ne suffit plus de compter uniquement sur l’armée ou les forces de sécurité ; chaque Malien doit devenir un acteur de cette lutte. Comme le dit un vieux proverbe : « Le moyen d’être sauf, c’est de ne pas se croire en sécurité. » Autrement dit, c’est la prudence qui assure la sécurité.

Les mendiants, déplacés internes et autres individus vulnérables, en dépit de la compassion qu’ils suscitent, peuvent involontairement devenir des agents des terroristes. Il est donc nécessaire d’avoir une politique de gestion stricte et coordonnée pour éviter que ces populations ne soient exploitées par des groupes mal intentionnés.

 

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Il est grand temps que les Maliens se réveillent et prennent en main leur propre sécurité, car c’est seulement dans un effort collectif que nous parviendrons à contrer cette menace. Nos armées et services de renseignements ne pourront pas tout accomplir seuls. Nous devons, chacun à notre niveau, être des sentinelles actives pour préserver la paix dans notre pays.

 

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Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

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