Dans un contexte mondial en croissante mutation caractérisé par un bouleversement des équilibres économiques et géopolitiques, l’organisation fondée par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, BRICS, semble attirée de nombreux autres pays qui ont déjà formulé une demande d’adhésion.
Les sommets se multiplient à un rythme ininterrompu et à chaque rencontre l’on constate des nouvelles demandes d’adhésion ou de partenariat avec les BRICS. Comme une ruée vers l’or beaucoup de pays pensent avoir trouvé une opportunité de diversifier leurs partenariats et surtout avoir d’autres sources d’approvisionnement, l’occident n’étant plus une grande sureté pour eux. L’objectif principal des initiateurs de cette organisation, qui ne cesse de faire des émules est de « dédollariser » le monde afin de diminuer au mieux l’influence des Etats Unis et de ses alliés occidentaux. Le challenge est certes difficile surtout quand on sait le poids du dollar dans les échanges commerciaux et surtout celui des pays qui le soutiennent et qui sont considérés comme des poids lourds de l’économie mondiale, comme l’Union Européenne, le Japon, les Etats Unis, pour ne citer que ces grosses pointures. Mêmes les Etats des BRICS, comme la Chine, soutiennent le dollar. Donc il serait difficile de mettre à genou le dollar, mais l’initiative de la création d’une autre zone d’influence, voire de concurrence en peut qu’être saluée et encouragée au nom de la multipolarité et d’un certain équilibre du monde.
S’achemine-t-on vers une désoccidentalisation du monde ?
Si nul ne saurait répondre par l’affirmatif à cette question, force est de constater que les BRICS ont le vent en poupe et semblent convaincre beaucoup de pays pas des moindres qui en ont non seulement assez du paternalisme occidental, mais aussi qui veulent avoir des nouveaux horizons. Les BRICS deviennent incontestablement un contrepoids à la domination occidentale et une nouvelle destination pour tous les pays qui veulent explorer d’autres voies. Avec plus de 3 milliards d’habitants soit la moitié de l’humanité et constitués des pays comme la Chine, l’Inde et même la Russie pour ne citer que ces trois pays, les BRICS sont un poids économique et géopolitique importants non négligeable. Le sommet qui vient de se tenir à Kazan en Russie, en plus de sortir la Russie de Poutine de l’isolement diplomatique avec la présence de plusieurs pays, est également la preuve tangible que l’organisation est en marche et qu’elle est un contre poids et une menace à la suprématie occidentale. En effet, les BRICS constituent aujourd’hui un bloc continental qui s’étend de la mer méditerranée au détroit de Behring avec 12 fuseaux horaires et plus de 3 milliards d’habitants soit la moitié de la population mondiale et surtout un marché énorme. Autres constats c’est l’accroissement du nombre d’Etats partenaires, non membres mais participants aux réunions, ce nombre est passé de 6 en 2022 à 14 en 2023. Les Etats Unis et ses alliés doivent alors changer de fusil d’épaule si tant est qu’ils veulent continuer encore garder une certaine hégémonie dans le monde. Sinon ils risqueront d’être engloutis par ce typhon violent qui souffle de part et d’autre de la méditerranée et qui converge vers l’occident. L’Asie avec une économie florissante et en parfaite croissance, l’Afrique le continent d’avenir avec ses immenses richesses formeront dans un futur proche l’ossature des BRICS. Il revient à la vieille Europe et ses autres alliés occidentaux de faire une nouvelle offre dans un cadre de partenariat gagnant- gagnant sans apriori, ni paternalisme, c’est à ce seul prix qu’ils pourraient rester maîtres du jeu et des enjeux du monde.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance
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