Au Sénégal, la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président Bassirou Diomaye Faye marque le coup d’envoi d’une campagne législative intense, avec 41 listes en compétition. Alors que le Pastef d’Ousmane Sonko espère une majorité, trois grandes coalitions d’opposition se dressent face à lui, promettant un scrutin sous haute tension et des choix décisifs pour l’avenir du pays.
Le Sénégal entre à nouveau en campagne. Dissolution de l’Assemblée nationale par Bassirou Diomaye Faye, 41 listes sur la ligne de départ, et une mosaïque de partis prêts à en découdre pour ces législatives anticipées. Sur le papier, tout est bien ordonné. Mais, derrière les discours d’unité et de transparence, les ambitions partisanes brillent comme un phare dans la nuit.
Un juge impartial avec l’odeur des anciennes batailles collée à la peau
Ousmane Sonko, désormais Premier ministre, mène le Pastef avec un objectif clair : obtenir une majorité à l’Assemblée pour affirmer la mainmise de son parti. En face, les grandes alliances ne manquent pas. La coalition Takku Wallu Sénégal, qui rassemble le Parti démocratique sénégalais (PDS) et l’Alliance pour la République (APR), voudrait empêcher que le Pastef prenne trop d’assurance. Amadou Ba, l’ancien Premier ministre, s’avance lui aussi avec la coalition Jamm Akk Njerign, soutenu par le Parti socialiste, prêt à rappeler qu’il a été un sérieux candidat à la dernière présidentielle. Et, pour ne pas être en reste, Barthélémy Dias, maire de Dakar, mène la coalition Samm Sa Kaddu, comme une promesse de renouveau.
Pour sa part, le Président Bassirou Diomaye Faye en appelle à l’unité et à l’apaisement. Dans une allocution solennelle, il exhorte les Sénégalais à la retenue et met en garde contre les discours communautaires et les menaces qui se propagent comme des étincelles sur les réseaux sociaux. « Servir tous les Sénégalais sans distinction », affirme-t-il. Beau discours, belle promesse. Mais peut-on vraiment effacer d’un coup de pinceau les traces de ses anciens engagements partisans ? Faye, récemment Secrétaire général du Pastef, a tout de même pris soin de préciser qu’il se place désormais « au-dessus des querelles partisanes ». La transition est notable, mais elle reste sujette à interrogation : peut-on être juge impartial en ayant encore l’odeur des anciennes batailles collée à la peau ?
Les politiques doivent montrer l’exemple
Ce scrutin est crucial pour le Pastef, qui ne cache pas ses ambitions de verrouiller l’Assemblée. D’ailleurs, cette quête de majorité transforme ce qui devrait être un moment de débat en une course frénétique pour le contrôle, où l’objectif semble moins de convaincre les électeurs que de battre l’adversaire. Et que dire des « grandes coalitions » d’opposition ? Ces alliances hétéroclites rassemblent des partis qui, parfois, n’ont en commun que l’envie de ne pas voir le Pastef triompher.
Le Sénégal, pays de la « maturité démocratique », selon les mots de Faye, se retrouve face à une élection où chaque camp fourbit ses armes et où la transparence, vantée par le président, risque de se diluer dans la lutte acharnée pour le pouvoir. Certes, le président vante la transition pacifique de la dernière présidentielle, mais cette campagne législative, à mi-chemin entre rivalités anciennes et nouveaux défis, sera sans doute moins douce.
À la fin de cette course, peut-être qu’un camp décrochera la majorité, mais à quel prix ? Alors que les Sénégalais sont invités à aller aux urnes dans le calme et le respect, on se demande si les politiques, eux, sauront montrer l’exemple.
Chiencoro Diarra
Source : Sahel Tribune
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