Sans fil: le marché à bétail déguerpi

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Le marché à bétail de Sans-fil déguerpi
Les négociations en cours n’ont pas pu faire fléchir la position du gouvernement par rapport à la délocalisation du marché à bétail du quartier Sans-fil. Aux environs de 5 heures du matin, les forces de l’ordre ont investi les lieux pour déguerpir les occupants des lieux.

Cette opération de libération de ces espaces s’est déroulée sans incident ; mais sous une forte tension entre les éleveurs et les forces de l’ordre qui avaient investi les lieux depuis 5 heures du matin, affirme un éleveur joint par nos soins.
Cette mission s’inscrit dans le cadre de l’application de la décision du gouverneur du district de Bamako de fermer tous les marchés à bétail dans sa circonscription suite à l’attaque qui a visé l’école de la gendarmerie, le 17 septembre 2024.
Protestant contre la mesure, des éleveurs avaient observé un arrêt temporaire de travail et entamé des négociations dans l’optique de fléchir la position du gouvernement. Mais rien à faire.
«Des forces sont venues nous exiger de démolir nos installations mais aussi de partir avec nos animaux (vaches, moutons, chèvres). Finalement, ils ont eux-mêmes détruit les hangars, enclos, etc.», a indiqué M. Adama TRAORE, regrettant cette décision des autorités loin pour lui d’être une mesure de prévention de l’insécurité liée au terrorisme à Bamako.
« Je ne sais pas maintenant où aller avec mes vaches. Je suis totalement perdu », s’indigne ce jeune éleveur qui affirme disposer de 7 têtes.
Par ailleurs, il affirme avoir été informé de libérer le site, à l’image de certains marchés à bétail de Bamako.
« En réalité, nous pensions que les négociations allaient aboutir à une solution. Parce que l’emplacement du Garbal de Sans-fil est différent d’autres sites de marché à bétail », explique le jeune TRAORE déscolarisé.
Après avoir abandonné les études et après le décès de son papa, il dit s’engager à faire le métier de leur père. Par l’achat et la vente des vaches, des moutons et des chèvres, il dit parvenir à subvenir aux besoins de sa famille. Si son activité, affirme-t-il, n’est pas arrêtée, elle va quand même prendre un sérieux coup.
« En quittant ce Garbal, je suis en train d’imaginer une autre vie, un autre monde. Ce qui est sûr pour moi, rien ne sera comme auparavant », s’inquiète-t-il, la voix à peine audible.
Après avoir passé la demi-journée à détruire, ils sont partis laissant l’espace sens dessus-dessous illustrant la désolation, a constaté le jeune Adama TRAORÉ.
« J’ai décidé d’envoyer les animaux chez un ami à Baguinéda qui a accepté de les garder pendant que je trouve une solution. Nous allons attendre minuit pour les y conduire », annonce-t-il. « Impuissant face à la situation, je m’en rends à Dieu », se console-t-il.
Comme lui, de nombreux éleveurs tentent de chercher des solutions pour accueillir leur bétail temporairement.
En attendant, ils sont épargnés dans des coins et recoins des quartiers de Bamako.
Sur place, un autre éleveur souligne l’impréparation de la décision du gouverneur qui devrait, pour ces genres de mesure prendre, des dispositions.
« On nous demande d’aller à Kita, mais selon des informations qui nous sont parvenues, le maire de cette localité aurait confirmé qu’il n’a pas d’espace à nous donner », dénonce-t-il. Or, poursuit-il, ce sont des centaines de chefs de famille qui y mènent leur activité.
« Sans un endroit idéal, nous sommes privés d’exercer notre métier. Cela est la pire des choses que l’on peut faire à un être humain, surtout des responsables de famille», indique-t-il, frustré de constater que le gouvernement prend une telle mesure et envisage de l’exécuter à chaud.

 

PAR SIKOU BAH

 

Source: Info-Matin

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