Le franc CFA, souvent dénoncé comme un symbole de domination économique française et un frein au développement, suscite des critiques grandissantes en Afrique. Au Niger, la contestation a pris une forme artistique et militante : des graffitis sont apparus sur les murs de la capitale, Niamey, reflétant une volonté populaire de rupture avec cette monnaie controversée.
L’un des graffitis les plus frappants représente Emmanuel Macron, président français, subtilisant l’or africain, accompagné d’un message sans équivoque : « Sortie du FCFA ». Ce geste artistique traduit la colère d’une population lassée des entraves monétaires et appelle les autorités à agir pour mettre fin à ce système perçu comme néocolonial.
Une mobilisation artistique et politique à l’échelle régionale
Le phénomène ne se limite pas à Niamey. Des graffitis similaires sont apparus dans plusieurs autres capitales d’Afrique de l’Ouest, notamment Dakar (Sénégal), Ouagadougou (Burkina Faso), Bamako (Mali) et Lomé (Togo). Ces créations expriment une réalité économique partagée et une aspiration commune à une souveraineté monétaire.
À Dakar, des œuvres dénoncent l’impact du franc CFA sur l’économie locale, tandis qu’à Ouagadougou et Bamako, elles soulignent l’urgence d’une transition vers une monnaie indépendante. À Lomé, des slogans peints sur les murs mettent en lumière la nécessité d’un système monétaire adapté aux besoins des populations africaines.
Vers une transition monétaire pour l’Afrique de l’Ouest ?
Les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) – le Niger, le Mali et le Burkina Faso – ont récemment quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et travaillent désormais à la création d’une monnaie commune. Cette initiative marque une volonté affirmée de s’affranchir des contraintes du franc CFA et d’asseoir une souveraineté économique.
Le chef de l’État nigérien, Abdourahamane Tiani, a rappelé lors d’une récente intervention télévisée :
« Il est temps de tourner la page du colonialisme économique et de restaurer la souveraineté de nos nations. La monnaie est au cœur de cette libération. »
Les limites du Franc CFA : une dépendance structurelle
Les critiques envers le franc CFA sont nombreuses. La parité fixe avec l’euro rend les produits africains moins compétitifs sur le marché mondial, freinant les exportations. En outre, les pays membres doivent déposer jusqu’à 70 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français, limitant considérablement leur marge de manœuvre économique. Ce mécanisme assure à la France un contrôle durable sur les économies de la région, même lorsque celles-ci affichent des excédents commerciaux.
L’avenir de la souveraineté monétaire en Afrique
Pour les économistes, la création d’une monnaie commune en Afrique de l’Ouest représente une avancée stratégique vers l’indépendance économique et le développement durable. Les mouvements populaires, comme ceux exprimés à travers les graffitis de Niamey, traduisent une exigence croissante pour des réformes profondes.
Les gouvernements de la région sont donc confrontés à une responsabilité historique : poser les bases d’une nouvelle ère économique qui libère les peuples africains des chaînes d’un système hérité de la colonisation. Le chemin est complexe, mais la détermination des citoyens, illustrée par leurs actions créatives et engagées, constitue un puissant levier pour impulser le changement.
Par Mamadou Sangaré
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Source: bamada