Pour la première fois depuis six décennies, l’Assemblée nationale a fait chuter un Premier ministre en adoptant une motion de censure. Le gouvernement de Michel Barnier aura été le plus court de l’histoire de la Vᵉ république.
Un record de brièveté
La chute de l’exécutif après seulement trois mois aux affaires constitue un record de brièveté depuis l’adoption en 1958 de la Constitution française. Les deux motions ont été déposées après que le Premier ministre a déclenché mardi l’article 49.3 de la Constitution permettant de faire adopter un texte sans vote, sur le budget de la Sécurité sociale.
Une décision prise à l’issue de plusieurs jours d’âpres discussions budgétaires, au cours desquelles Michel Barnier a cédé à plusieurs demandes de l’extrême droite, qui en réclamait toujours davantage, selon lui.
“À Emmanuel Macron de s’en aller”
La France insoumise, par la voix de la présidente du groupe à l’Assemblée Mathilde Panot, a une nouvelle fois demandé “à Emmanuel Macron de s’en aller”, réclamant “des présidentielles anticipées”, quelques instants après la chute du gouvernement de Michel Barnier à l’Assemblée.
“La censure inéluctable a eu lieu. Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans”, renchérit le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon. L’avenir d’Emmanuel Macron, dont le mandat va jusqu’en 2027, n’est cependant pas lié, du point de vue de la Constitution, à la censure du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, dit lui avoir consciences que “c’est un moment difficile qui inquiète beaucoup les Français·es”, mais il assure que “c’est l’occasion de prendre un nouveau départ”.
La patronne des écologistes a, pour sa part, appelé au dialogue entre les “membres du front républicain”. “Arrêtons les lignes rouges dans tous les sens, sinon on n’avancera jamais. On a besoin d’un moment d’union nationale, car le moment politique est très grave”, a-t-elle ecrit sur X.
L’extrême droite demande à “co-construire un budget”
L’extrême droite réagit aussi dans la foulée. La présidente du groupe Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a promis qu’elle “laissera travailler” le futur Premier ministre pour “co-construire un budget acceptable pour tous”. En défense de la motion de la censure, Marine Le Pen avait fustigé la politique proposée par le Premier ministre : “vous n’avez apporté qu’une seule réponse, l’impôt. (…) La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget”.
La cheffe de file de l’extrême droite s’était dite en particulier opposée à la moindre indexation des retraites en 2025 proposée par le gouvernement.
Le camp présidentiel déboussolé
Parmi la pluie de réactions politiques, le désespoir du camp présidentiel est palpable. “Le RN et le NFP ont mêlé leurs voix pour déstabiliser le pays”, juge le ministre de l’Économie, Antoine Armand. “C’est un immense honneur d’avoir servi sous l’autorité du Premier ministre Michel Barnier, un homme de dialogue et de compromis. Un homme d’État”, a-t-il déclaré.
Gabriel Attal s’est montré en soutien de son successeur et a fustigé le manque de responsabilité du Rassemblement national.
Fraîchement arrivé de sa visite d’État en Arabie Saoudite, Emmanuel Macron se serait bien passé de ce comité d’accueil. L’Élysée a annoncé que le président de la République s’adressera aux Français ce jeudi 5 novembre à 20h.
Emmanuel Macron doit désormais désigner un nouveau Premier ministre, sur fond d’endettement croissant du pays. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public ratera son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèsera sur le coût de la dette et la croissance. Pour l’heure, l’entourage du chef de l’État n’a pas fourni de précisions sur le moment auquel un nouveau locataire de Matignon serait nommé.
Endettement croissant du pays
Autant la gauche que le centre ou la droite paraissent désunis pour s’entendre sur un nouveau gouvernement de coalition.
Marine Le Pen a, elle, les yeux rivés sur le prochain scrutin présidentiel prévu en 2027. Mais son destin politique est suspendu à une décision de justice attendue le 31 mars. Elle risque cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat pour un détournement de fonds du Parlement européen au profit de son parti.
L’instabilité politique explique en partie la nervosité des marchés, dans un contexte de lourd endettement : le taux d’emprunt à 10 ans de la France est même passé, le 27 novembre, très brièvement au-dessus de celui de la Grèce, traditionnel mauvais élève en la matière dans l’UE.
Le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) a réclamé mercredi soir la démission du président Emmanuel Macron, sitôt après un vote inédit de censure contre le gouvernement.
Le présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, a demandé à “Emmanuel Macron de s’en aller”, réclamant “des présidentielles anticipées”. L’avenir de M. Macron, dont le mandat va jusqu’en 2027, n’est cependant pas lié, du point de vue de la Constitution, à la censure du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier.
Source: TV5
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