A moins de deux mois de la fin du préavis de retrait du Mali de la CEDEAO, le problème de passeport risque de se poser pour les populations de l’Alliance des Etats du Sahel qui ont décidé aller à l’harmonisation de leur document de voyage. La récente sortie du nouveau Premier ministre laisse entendre que les choses à leur début en affirmant que le pays ne peut «confectionner de nouveaux passeports et ça, on ne peut pas le faire immédiatement».
Fin janvier 2025, conformément aux textes de la CEDEAO, notre pays n’en fera plus partie officiellement, sauf dérogations spéciales qui pourraient être prises lors du prochain sommet annoncé au 15 décembre. A ce stade, notre pays semble se distinguer par son impréparation aux conséquences de son retrait de la CEDEAO. Encore une fois, la population risque d’être mise devant les faits accomplis comme ce fût le cas avec la décision de retrait de l’organisation sous régionale.
Sans consultation et concertation, le Mali avec les autres membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont décidé, de commun accord, de ne plus militer au sein de la CEDEAO, au motif que l’organisation s’est départie de ses objectifs initiaux tout en se laissant manipuler par des puissances étrangères.
Pour autant membre fondateur, si la décision a été saluée largement par une grande partie de la population malienne, le schéma de l’après CEDEAO peine à se dessiner dans de nombreux domaines. Les perspectives sont encore obscures face à autant d’interrogations restées, jusque-là, sans réponses claires.
La circulation des ressortissants des pays membres de la CEDEAO en est une illustration, si le divorce est difficile à être consommé, après la phase de séparation de corps à laquelle on assiste.
Au-delà des discours et des rencontres entre les trois membres de l’AES, peu d’initiatives sont visibles notamment sur le terrain dans le cadre de l’intégration des peuples de l’AES, également de la population de ces trois pays avec les autres Etats voisins membres de la CEDEAO.
Par exemple : à ce jour, la confection du passeport de l’AES est loin d’être une réalité, à entendre le Premier ministre lors de sa rencontre le vendredi 6 novembre avec la société civile. Lui, on l’imagine bien, qui a voulu tenir un discours, peut être un langage de vérité sur la confection du passeport, entretient la confusion.
Lors de cette réunion, le général de division, Abdoulaye MAÏGA déclare : « Maintenant si on quitte la CEDEAO forcément on ne peut pas changer de passeport comme si on changeait de veste ou de boubou. Il y a des dimensions. Il faut passer des appels d’offres, il faut trouver d’autres prestataires pour confectionner de nouveaux passeports et ça on ne peut pas le faire immédiatement ».
Le discours laisse entrevoir le niveau de l’impréparation du retrait du Mali de la CEDEAO.
En effet, ce n’est pas à moins de deux mois de la fin du préavis que le Premier ministre se permet de telle déclaration qui en rajoute aux inquiétudes longtemps exprimées par les populations. Avec quel document les Maliens vont-ils se dépasser ?
S’il faut du temps relativement considérable pour une rupture définitive avec la CEDEAO, mais à ce stade, notre pays plus le Niger et le Burkina Faso devraient être en mesure de présenter à leurs populations respectives un plan détaillé de ce retrait et les mesures envisagées pour réduire ses conséquences. Hélas !
De plus, si le discours du Premier ministre n’est pas rassurant, elle laisse apparaître aussi de la contradiction avec des propos du président de la Transition, Assimi GOÏTA qui a annoncé, en septembre dernier, à la télévision nationale que le passeport biométrique commun au Mali, au Burkina Faso et au Niger sera bientôt confectionné et mis en circulation dans le but d’harmoniser les documents.
Cette déclaration laisse apparaître qu’un processus a démarré. En revanche, son Premier ministre prévient qu’il est impossible d’avoir immédiatement de passeports.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin
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