La crise énergétique qui frappe le Mali ne date pas d’hier, mais elle semble aujourd’hui atteindre son paroxysme, avec des coupures répétées et une demande croissante qui met à genoux le réseau national. Dans ce contexte, les propositions élaborées par Énergie du Mali (EDM-SA) pour une sortie de crise méritent une attention sérieuse. Mais au-delà des belles idées, le défi réside dans leur mise en œuvre. Cette chronique décrypte les enjeux et questionne les solutions envisagées.
Une crise systémique aux racines profondes
Bamada.net-L’état actuel de l’énergie au Mali résulte d’une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. D’une part, la dépendance aux importations énergétiques expose le pays à des aléas extérieurs, comme les fluctuations des prix ou les tensions diplomatiques. D’autre part, la faiblesse des infrastructures locales, combinée à une gestion inefficace et à un financement insuffisant, accentue les difficultés.
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La société EDM-SA, au cœur du système énergétique national, doit opérer dans un contexte de pressions économiques, sociales et politiques. Cette triple contrainte ne fait qu’alourdir un bilan déjà défavorable : déficit structurel, pertes énergétiques importantes et endettement chronique. Le résultat est sans appel : une offre énergétique insuffisante et de piètre qualité.
Des propositions ambitieuses mais réalistes ?
Lors de la récente visite du Premier ministre Abdoulaye Maïga à l’EDM-SA, l’entreprise a présenté un plan en six axes pour répondre à la crise. Parmi ces axes, le renforcement de la production locale, le tirage avantage des offres régionales et l’assainissement des finances de la société figurent en tête de liste. Mais la question reste : ces propositions sont-elles à la hauteur des attentes ?
1. Une production locale à renforcer
La priorité donnée à l’augmentation des capacités locales est évidente. Le Mali dispose d’un fort potentiel solaire et hydroélectrique, encore sous-exploité. Mais la construction de nouvelles infrastructures, comme les centrales solaires ou thermiques, nécessite des investissements massifs et une volonté politique soutenue. Or, l’expérience montre que ces deux éléments sont souvent en défaut dans le contexte malien.
2. Une coopération régionale cruciale
EDM-SA propose également de renforcer les interconnexions avec la Côte d’Ivoire et d’accélérer les projets avec la Guinée. Cette stratégie, pertinente sur le papier, se heurte à des réalitsés géopolitiques et techniques. Les infrastructures existantes souffrent de nombreux dysfonctionnements, et les négociations avec les partenaires régionaux peuvent être longues et complexes. Pourtant, la coopération régionale reste une voie incontournable pour stabiliser l’approvisionnement à court terme.
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3. Une gestion interne à réviser
L’assainissement des finances d’EDM-SA passe par une meilleure gestion interne, mais également par le règlement des factures impayées par les administrations publiques. Ce dernier point reflète un problème chronique de gouvernance : comment demander à une entreprise de prospérer si ses principaux clients, souvent étatiques, ne règlent pas leurs dettes ?
Un avenir sous conditions
Les propositions d’EDM-SA ouvrent une lueur d’espoir, mais elles nécessitent des préalables essentiels :
- Un engagement politique fort : La réforme du secteur énergétique doit être placée au cœur des priorités gouvernementales. Cela implique des décisions parfois impopulaires, comme la rationalisation des subventions.
- Une mobilisation de financement : L’appui des partenaires internationaux et des investisseurs privés est indispensable pour réaliser les projets.
- Un suivi rigoureux : Chaque initiative doit être accompagnée d’évaluations régulières pour s’assurer de leur impact et ajuster les stratégies si nécessaire.
Un mot pour conclure
La crise énergétique au Mali n’est pas seulement une question de kilowatts, mais de volonté collective. Si les propositions d’EDM-SA sont ambitieuses, leur mise en œuvre dépend de la capacité de l’État et de l’entreprise à surmonter les obstacles institutionnels et financiers. En attendant, les Maliens continuent de vivre au rythme des coupures, rêvant d’un avenir énergétique plus éclairé.
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MLS
Source: Bamada.net
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