Si la nomination du Général de division Abdoulaye Maiga comme premier ministre a été critiquée par certains non pas parce qu’il n’a pas le profil ou la compétence, mais par crainte de la militarisation à outrance de la transition en écartant la classe politique et la société civile. Si cette nomination n’a pas provoqué une levée de boucliers dans la classe politique et la société civile c’est également loin de donner un blanc-seing au PM pour faire ce qu’il veut. Il doit plutôt comprendre que ses pouvoirs ont une limite et que la réussite de la transition dépendra en grande partie de la perception qu’il fera de son rôle. Il a une double casquette, celle de premier ministre et de ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, chargé des questions électorales. Sa double mission pourrait être une réussite s’il mesure ses limites et si chaque institution impliquée dans la gestion et l’organisation jouait son rôle en toute indépendance et sans aucune interférence extérieure. La crainte d’une crise postélectorale sera circonscrite si les choses se passent de la façon la plus transparente. Que les autorités tirent toutes les leçons du scrutin référendaire pour corriger tous les dysfonctionnements et les failles, d’où le cri d’alarme pour une sérieuse implication et une indépendance affirmée de l’AIGE conformément au code électoral.
L’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, L’AIGE ne va-t-elle faire de la figuration comme pendant la période référendaire alors qu’elle est la seule institution habilitée à organiser les scrutins référendaire et présidentiel ?
Selon beaucoup d’analystes politiques, le choix du premier ministre et son maintien comme ministre de l’administration territoriale est loin d’être fortuit. En positivant l’on pourrait dire que c’est compte tenu de son expérience à gérer les affaires du département en charge de l’administration territoriale et surtout de l’organisation des élections, qu’il a gardé son ancien portefeuille ministériel, mais pour d’autres son choix est fait à dessein pour avoir la mainmise sur l’organisation des élections et éventuellement museler toutes les autres institutions et particulièrement l’AIGE. Pour rappel un large consensus a été fait autour de la création d’une structure indépendante et autonome pour minimiser les cas de fraude et de contestations pouvant aboutir à une crise postélectorale aux conséquences incommensurables. Mais pour la mise en place de cette institution tant souhaitée qu’est l’AIGE il y a eu le premier couac, car sa composition n’a pas été celle souhaitée par les acteurs politiques. Jamais dans l’histoire de la jeune démocratie malienne une aussi importante institution comme l’AIGE n’a été mise en place à la suite d’un tirage au sort, ce qui a fait perdre à l’institution toute sa crédibilité d’où le mépris que lui voue le gouvernement. Les membres qui la composent ont-ils une quelconque expérience en matière de gestion des élections ? Donc ce grand éléphant annoncé est arrivé avec deux pieds cassés. C’est certainement fait à dessein pour permettre au ministre de pouvoir manipuler cette structure à satiété, mais une chose est de manipuler l’AIGE, une autre est à coup sûr de craindre une crise postélectorale, car des élections mal faites ont toujours été à la base des crises les plus graves. Donc il revient à l’AIGE de s’assumer en accomplissant pleinement sa mission conformément à ses prérogatives. Quant au gouvernement il a tout intérêt à ce qu’il n’y ait pas de contestations et qu’à la fin du processus chacun reconnaisse la bonne organisation des scrutins.
Le premier ministre, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation va-t-il museler les autres institutions en charge de l’organisation des élections ?
Si incontestablement ses premiers pas à ce poste hautement stratégique et important au sein de l’administration ont été salués et approuvés par la classe politique, quelques inquiétudes ont refait surface dans ses propos vis-à-vis des partis politiques. Autrement dit en plus du peu de considération dont il est coutumier à l’égard de la classe politique, il semble leur faire comprendre que le nombre ne détermine pas la qualité et qu’il serait bon d’en réduire pour plus d’efficacité. Ce manque de considération sera constaté même lors de l’organisation des élections, c’est pourquoi ne nous faisons pas d’illusion les institutions en charge de l’organisation des élections à commencer par l’AIGE et le département de l’administration territoriale sont taillées sur mesure. Il revient à la classe politique qui n’est en réalité forte quand il s’agit d’applaudir, de sortir de son long sommeil et de s’affirmer en tapant du poing sur la table pour exiger plus de transparence et d’inclusivité.
Youssouf Sissoko
L’Alternance
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Source: bamada