Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina Faso, membres de la Confédération des États du Sahel (AES), ont réitéré leur décision irrévocable de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Réunis le vendredi dernier à Niamey, ils ont mis en avant leur volonté d’œuvrer pour une intégration régionale renforcée, tout en dénonçant le rôle controversé de la CEDEAO dans les crises sécuritaires et politiques de la région.
Une décision « irréversible »
Lors de cette rencontre dirigée par Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali, les participants ont souligné que leur retrait de la CEDEAO relevait d’un choix stratégique dicté par les aspirations des peuples des trois nations. Selon eux, la CEDEAO, sous l’influence d’acteurs extérieurs, a perdu sa vocation originelle de soutien à l’intégration régionale.
Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, les ministres ont déclaré que cette décision reflète « la clairvoyance des trois chefs d’État » et leur volonté de « prendre leur destin en main ». Ils ont également accusé la CEDEAO de ne pas avoir apporté d’assistance adéquate dans la lutte contre le terrorisme, et de leur avoir imposé des sanctions qu’ils jugent « illégitimes et inhumaines ».
Au-delà des griefs envers la CEDEAO, les ministres ont réaffirmé leur engagement à faciliter la libre circulation des personnes et des biens au sein de l’AES. Ils ont salué les progrès réalisés dans l’harmonisation des documents d’identité et de voyage, et envisagent la mise en place de mécanismes transfrontaliers efficaces pour soutenir les échanges économiques et humains. « Cette initiative traduit notre volonté de répondre aux besoins réels de nos populations, en renforçant les liens entre nos États ».
Tensions avec la CEDEAO et appel à la médiation
Le départ de l’AES de la CEDEAO suscite des débats au sein de l’organisation ouest-africaine. Jeudi dernier, le Parlement de la CEDEAO a recommandé de proroger la date effective du retrait des trois pays, prévue pour le 29 janvier 2025. Cette mesure, selon le Parlement, permettrait d’ouvrir la voie à de nouvelles négociations pour éviter la désintégration de l’organisation régionale.
De son côté, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, désigné médiateur par la CEDEAO en juillet 2024, a insisté sur l’importance de maintenir un dialogue ouvert. « L’AES est une réalité sécuritaire qui mérite d’être reconnue. Mais cela ne doit pas conduire à l’éclatement de la CEDEAO, qui reste un pilier essentiel de la coopération en Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré lors du Forum de Doha. Le retrait des trois États remonte à janvier 2024, lorsqu’ils avaient annoncé leur départ « sans délai », reprochant à la CEDEAO d’être un instrument de pression de puissances étrangères. Cette décision avait marqué une étape importante dans leur rupture avec les instances sous-régionales.
En septembre 2023, les trois pays avaient créé l’Alliance des États du Sahel (AES), rapidement transformée en Confédération en juillet 2024. Cette structure se veut une alternative à la CEDEAO, axée sur des priorités régionales telles que la sécurité, l’économie, et l’intégration socioculturelle.
Le sommet de la CEDEAO à Abuja…
Alors que les ministres de l’AES se réunissaient à Niamey, la CEDEAO s’apprête à tenir ce dimanche sa 66ᵉ session ordinaire à Abuja, au Nigeria. Les sièges du Mali, du Burkina Faso et du Niger y resteront vides, marquant une nouvelle étape dans la fracture entre les deux entités. Les débats à Abuja devraient se concentrer sur les implications du retrait de ces pays, ainsi que sur les questions sécuritaires et économiques régionales. Malgré les tentatives de médiation, la rupture semble consommée. Les ministres de l’AES ont réaffirmé que leur décision de quitter la CEDEAO est définitive, et qu’elle constitue une étape vers une autonomie politique et économique accrue pour leurs pays. « Nous tournons la page de la CEDEAO pour écrire une nouvelle histoire, celle d’une coopération régionale véritablement adaptée à nos réalités et à nos ambitions », a conclu Abdoulaye Diop.
Madiassa Kaba Diakité
Source : Le Républicain
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