Les Militaires à la tête de la transition Malienne veulent-ils créer un parti Le PR Ali Nouhoum Diallo accuse, le premier ministre récuse !

Des propos qui auraient sans doute touché la sensibilité du nouveau Premier ministre, lui qui, habituellement, n’aime pas «réagir aux attaques d’un journaliste et aux propos des acteurs politiques», mais qui a tenu à recadrer les choses à ce niveau ! En effet, profitant de sa rencontre avec les acteurs de la presse malienne dans les locaux de la Maison de la Presse, le Général de Division Abdoulaye Maiga a réagi à ces propos du Pr Ali Nouhoum Diallo en ces termes : « Personnellement, je ne réagis pas aux attaques d’un journaliste et aux propos des acteurs politiques. Mais j’ai entendu Ali Nouhoum Diallo dire à une famille politique de se mettre ensemble et que les militaires veulent créer leur parti politique. Juridiquement, cela est impossible». En d’autres termes, le Premier ministre a tenu à démentir ces allégations du Pr Ali Nouhoum Diallo pour des raisons bien évidentes, depuis qu’un certain Choguel Kokalla Maiga, alors Premier ministre, avait un déballage quant à la création de 100 partis politiques sous la transition depuis 2021, et cela en violation des recommandations du Assises nationale de la refondation. Il était donc nécessaire pour le Premier ministre, un accusé de première ligne, car en plus de son statut de militaire, il est aussi comme par hasard à la tête du Ministère en charge de l’Administration territoriale, là où délivre les récépissés de création de parti politique !

Par ailleurs, disons que les rapports entre les militaires à la tête de la transition malienne et le Pr Ali Nouhoum Diallo, sans être véritablement conflictuels, n’ont jamais été des plus simples.

On se rappelle, dans un texte publié en mai dernier, comment le Pr Ali Nouhoum Diallo, appelait ceux-ci à prendre garde de vouloir s’éterniser au pouvoir et la classe politique à résister. Il déclarait aussi que le peuple malien avait juste peur des armes qu’ils détenaient, car n’ayant jamais eu à faire face aux armes, ni affronté des chars, même dans son histoire récente ! «Désormais seuls maîtres à bord du bateau de l’Empire, les colonels (Ndlr : aujourd’hui généraux) du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) semblent résolus à faire marcher au pas les associations, les mouvements et partis politiques. Ils entendent être seuls à diriger le Mali, dire ce qu’ils pensent, faire ce qu’ils veulent. Naturellement le peuple Malien applaudira la suspension des activités, voire la dissolution des associations, des mouvements et partis politiques. Il laissera dire. Il laissera faire. Dans une frustration profonde, il est vrai et pour cause ! Les colonels (Ndlr : aujourd’hui généraux) du CNSP ont des armes. Le peuple malien a peur des armes. Il n’a jamais fait face à des armes, ni affronté des chars même dans son histoire récente!

Et pourtant les cinq colonels (Ndlr : aujourd’hui généraux) et leurs alliés devraient méditer sérieusement sur ces propos de Karl Marx tirés du 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, alias Napoléon III : « Les hommes font leur histoire ; mais ils ne la font pas arbitrairement dans les conditions choisies par eux, mais dans les conditions directement données et héritées du passé !

La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants ». Paraphrasés par nous, ces propos du putschiste du 02 décembre 1851 pourraient aussi s’écrire : les masses font l’histoire, mais elles ne choisissent pas les conditions dans lesquelles elles font l’histoire. Et elles écrivent l’histoire avec leur propre subjectivité ! Attention, les colonels (ndlr : aujourd’hui généraux) au pouvoir ! Les masses laborieuses éduquées, formées politiquement et idéologiquement deviennent une force matérielle, intellectuelle et spirituelle invincible, pouvant soulever les montagnes. Elle peut tout renverser sur son passage, y compris les blindés…», avait-il indiqué. Enfin, plus loin, parlant de la suspension des activités des partis politiques et des conséquences qui pourraient découler, il conseillait les militaires en ces termes : «Ne vous privez pas des femmes et des hommes d’expérience en politique ! Les arbres sans racines profondes meurent rapidement…».

Vu que les choses commencent à évoluer positivement ces derniers temps, pourvu que ça continue, on ne va verser dans la polémique, pour ainsi dire que le Pr Ali Nouhoum Diallo peut se rassurer : les militaires au pouvoir ne cherchent pas, et ne peuvent pas, juridiquement, créer leur parti ! ■

MAÏMOUNA DOUMBIA

Le Soir de Bamako