Goïta, Traore et Tiani : Au tournant de l’histoire

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En cette fin d’année 2024, rien ne se passe comme prévu. La délivrance du peuple syrien de cinquante ans de règne des El-Assad, l’élection transparente du président ghanéen et le dernier sommet de la Cédéao font l’actualité dans une période où la Confédération des Etats du Sahel est au tournant de son histoire.

Irréversible

Vendredi 13 décembre 2024 à Niamey, la réunion ministérielle de la Confédération des Etats du Sahel (AES) rappelle “la décision irréversible des Etats de la Confédération du Sahel de retrait de la Cédéao”.  Irréversible, une constance de la novlangue des relations entre l’AES et la Cédéao dont l’effet immédiat est la mort diplomatique atrabilaire des liens de coopération. Mais remontons le temps. Le 13 décembre 1959 à Dakar, de Gaulle fait un pas de côté pour la “souveraineté internationale” du Mali et du Sénégal devant Léopold Sédar Senghor, président de l’Assemblée fédérale du Mali, Modibo Kéita président du gouvernement fédéral et Mamadou Dia, vice-président du gouvernement fédéral.

Soixante-cinq ans après, devant l’histoire, à Ouagadougou, à Niamey et à Bamako, les présidents Traoré, Tiani et Goïta se réclament de l’esprit d’indépendance de Modibo Kéita, de Diori Hamani et de Maurice Yaméogo. Goïta, Traoré et Tiani prennent leurs responsabilités. Un tournant de leur histoire. Un fait d’armes qui ne peut pas être analysé comme une simple stratégie d’opposition à la Cédéao mais comme un combat pour enraciner la liberté des personnes et des biens. Il engage les chefs d’Etat de l’AES à respecter ce qu’ils disent.

Au-delà des péroraisons sous-régionales

Dimanche 15 décembre 2024, la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao “décide de fixer la période du 29 janvier au 29 juillet 2025, comme période de transition, au cours de laquelle les portes de la Cédéao restent ouvertes aux trois pays”. Un divorce douloureux dont la cause se trouverait dans la difficulté de la Cédéao et de l’AES à s’accorder sur la durée des transitions. Pauvre Afrique.

En attendant, Bola Ahmed Tinubu, président du Nigeria et président en exercice de la Cédéao, attaché au culte des figures des indépendances africaines, incarne le compromis. Sous son autorité, la Cédéao œuvre pour le retour de l’AES à la maison. Dans la recherche d’une issue positive, elle prolonge le mandat de médiation du Togolais Faure Essozimna Gnassingbé et du Sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye auprès de leurs homologues de l’AES.

L’année 2025 s’y prêtera-t-elle ? La réponse est à rechercher dans les profondeurs insoupçonnables des mutations géopolitiques et politiques du continent. Ce qui est sûr, au-delà des péroraisons sous régionales, les présidents de la Cédéao et de l’AES doivent se tourner vers les épreuves d’hier des luttes d’indépendance des années 1950 pour observer les valeurs entre les peuples : humanité, unité, liberté, solidarité. Les régimes passent. Les peuples restent.

Préserver les fragments de liens entre les peuples

Ni souverainisme vétilleux, ni panafricanisme obséquieux, il s’agit d’agir pour le rayonnement et la défense des entreprises africaines, la valorisation de la recherche scientifique et le développement. Il s’agit aussi de préserver les fragments de liens entre les peuples qui dépassent le simple cadre de la Cédéao et de l’AES. La Cédéao incarne la liberté de circulation. L’AES revendique une reconnaissance. Car face à la crise sécuritaire qui gangrène nos États, nous ne pouvons pas faire autrement. La suggestion serait donc de se parler, sans se compromettre, pour construire des projets de maîtrise sécuritaire pour lutter contre ce phénomène vaporeux : le narcoterrorisme.

Peut-on se passer des autres ?

–         Oui, car c’est la solution pour être libre ;

–         Non, parce qu’on ne peut pas construire une gouvernance positive sans la coopération ;

–         Je préfère un panafricanisme, incarnant l’humain, Hadamaden en Bambara) et Ibunaadama en Songhay.

–         Et vous, qu’en pensez-vous ?

Je vous dis à 2025 avec “Blues” de Fatoumata Diawara et Roberto Fonseca

Mohamed Amara

Sociologue

Source : Mali Tribune

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Source: bamada