La Chambre des Mines du Mali : Une réforme nécessaire mais délicate

0
60

Le 3 janvier 2025, un Conseil des Ministres historique s’est tenu sous la présidence du Général d’armée Assimi Goïta, avec la présence du Premier ministre, le Docteur Abdoulaye Maïga. Cette réunion a marqué un tournant décisif pour le secteur minier malien avec la dissolution des organes de la Chambre des Mines, suivie de l’installation d’un Collège transitoire. Une décision audacieuse, mais inévitable face aux défis structurels de cette institution clé.

 

Bamada.net-Il est indéniable que la Chambre des Mines, censée jouer un rôle crucial dans la représentation des acteurs du secteur minier, était dans une impasse. Crée en 2018, cette organisation consulaire n’a pas été épargnée par les difficultés internes. Le manque de renouvellement des organes, les lacunes des textes régissant son fonctionnement et les difficultés à organiser des élections crédibles ont progressivement miné son efficacité.

 

À Lire Aussi :  Chambre des mines du Mali : Nécessité d’un Collège transitoire

 

Une institution paralysée, un secteur stratégique délaissé

Il est toujours fascinant de constater à quel point certaines institutions peuvent devenir déconnectées de leur mission première. La Chambre des Mines, censée être un levier pour dynamiser l’industrie minière et faire entendre la voix des opérateurs, s’est transformée en une structure paralysée. Une paralysie qui n’a pas été sans conséquences pour un secteur aussi vital pour l’économie nationale.

Malgré une prorogation temporaire des mandats en 2016, les années suivantes ont montré que les conditions nécessaires pour des élections transparentes étaient loin d’être réunies. On pourrait s’interroger : pourquoi laisser une telle situation perdurer alors que l’industrie minière représente une part cruciale de notre PIB et de nos exportations ?

Le gouvernement malien, sous la direction du Président Goïta, a donc pris la décision de dissoudre les organes existants. Une décision que l’on pourrait qualifier de courageuse, mais également pleine de défis. Dissoudre, c’est aussi prendre le risque de bousculer des équilibres, de fragiliser une institution déjà en crise. Mais c’était peut-être là le seul choix possible pour qu’elle retrouve son efficacité et sa légitimité.

Le Collège transitoire : un pari pour l’avenir

On peut saluer la création du Collège transitoire comme une tentative sérieuse de réorganiser le secteur. Ce Collège n’aura pas la tâche facile. Il devra gérer les affaires courantes de la Chambre des Mines tout en posant les bases d’un renouveau, d’une institution capable de jouer son rôle de représentante du secteur minier et de partenaire de l’État. Mais pour cela, il faudra bien plus que de simples ajustements administratifs : il faudra une vraie refonte, une vraie réflexion sur ce que doit être cette institution au service de l’intérêt national.

C’est là, à mon sens, le défi majeur : transformer la Chambre des Mines en une organisation moderne et efficiente, en phase avec les enjeux actuels du secteur minier. Une institution capable de proposer des idées novatrices et de contribuer activement à l’élaboration de politiques publiques qui favorisent une exploitation responsable et durable des ressources minières.

Une réforme dans un contexte plus large de gouvernance

La dissolution des organes de la Chambre des Mines s’inscrit dans une dynamique plus vaste de réformes engagées par la Transition malienne. C’est une volonté de remettre de l’ordre dans les institutions publiques et de garantir une gouvernance plus transparente et responsable. L’initiative n’est pas anodine. Elle symbolise l’ambition de moderniser des structures vieillissantes et de faire en sorte que celles-ci répondent enfin aux attentes des Maliens.

Il est évident que cette réforme n’est qu’un début. Le secteur minier malien, avec ses potentialités mais aussi ses défis, a besoin d’un cadre institutionnel solide, d’une régulation claire et d’une représentation digne de ce nom. Le Collège transitoire devra, avant tout, réussir à instaurer un climat de confiance, car sans confiance, il n’y a pas de véritable partenariat entre les acteurs publics et privés.

Le chemin reste semé d’embûches

Le gouvernement, en prenant cette décision, a ouvert une nouvelle page pour la Chambre des Mines du Mali. Une page qui pourrait être celle d’un renouveau si le Collège transitoire réussit à accomplir sa mission avec transparence et rigueur. Mais comme dans toute réforme, le chemin sera semé d’embûches. Il ne suffira pas de changer les organes pour que les choses aillent mieux. Il faudra également travailler sur la vision, la stratégie, et surtout la collaboration entre les différentes parties prenantes.

 

À Lire Aussi :  Chambre des mines du Mali : Nécessité d’un Collège transitoire

 

C’est là le véritable enjeu de cette réforme : réinventer un secteur stratégique, le rendre plus compétitif, plus responsable, et surtout plus au service du développement national. Un défi de taille, certes, mais une opportunité de placer le Mali sur la voie d’un avenir minier prospère et durable.

En attendant, le Collège transitoire aura fort à faire pour redonner à la Chambre des Mines sa légitimité et son efficacité. Espérons qu’il saura relever ce défi, car l’avenir du secteur minier malien, et de l’économie nationale, en dépend.

NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.

 

Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

The post La Chambre des Mines du Mali : Une réforme nécessaire mais délicate appeared first on Bamada.net.

Source: bamada