COOPÉRATION RÉGIONALE : UNE VISITE AU MALI, ENTRE DIALOGUE ET ENJEUX STRATÉGIQUES

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Le samedi 8 mars 2025 restera une date marquante dans l’agenda diplomatique malien. Ce jour-là, Bamako a accueilli un hôte de marque : le Président de la République du Ghana, John Dramani Mahama. Une visite d’amitié et de travail qui, au-delà des honneurs protocolaires, révèle les enjeux complexes et les redéploiements stratégiques en Afrique de l’Ouest.

 

Bamada.net-Dès son atterrissage sur le tarmac de l’aéroport international Modibo Keïta-Sénou, le chef d’État ghanéen a été accueilli avec les honneurs par son homologue malien, le Général d’Armée Assimi Goïta. Hymnes nationaux, revue des troupes, poignées de main solennelles… Tout était orchestré pour symboliser la vitalité des relations entre les deux pays. Mais derrière cette mise en scène officielle, quels étaient les véritables enjeux de cette rencontre entre Accra et Bamako ?

Un dialogue aux multiples facettes

L’entretien en tête-à-tête entre Assimi Goïta et John Dramani Mahama, suivi d’une séance de travail élargie aux délégations respectives, a porté sur des thématiques cruciales. En première ligne, la question du renforcement des échanges commerciaux via le corridor sud, un axe stratégique permettant au Mali d’accéder aux ports ghanéens. L’optimisation des infrastructures, la réduction des formalités douanières et la fluidification des flux commerciaux étaient au menu des discussions. Une volonté manifeste d’affermir la coopération économique entre les deux nations.

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La sécurité et la lutte contre le terrorisme ont également occupé une place centrale dans les échanges. Face à la menace grandissante des groupes armés dans la sous-région, Bamako et Accra ont convenu de renforcer leur collaboration en matière de renseignement et de défense. Cette convergence d’intérêts s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération entre les pays de l’Afrique de l’Ouest, où la sécurité reste un enjeu prépondérant.

AES et CEDEAO : un équilibre précaire

Mais au-delà des aspects bilatéraux, une autre question brûlante a plané sur cette visite : la relation entre la Confédération des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Depuis la formation de l’AES par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les tensions avec la CEDEAO n’ont cessé de croître. La visite du Président ghanéen, qui intervient après celle qu’il a réalisée en Côte d’Ivoire, semble s’inscrire dans une tentative de rapprochement.

John Dramani Mahama n’a pas manqué d’afficher sa volonté de jouer les conciliateurs : « Le manque de confiance doit être corrigé afin qu’un respect mutuel puisse exister entre les leaders de chacun de ces regroupements au sein de la sous-région. Nous devons œuvrer à instaurer des relations dignes de ce nom entre l’AES et la CEDEAO », a-t-il déclaré. Une prise de position qui témoigne de la volonté du Ghana de préserver l’unitié sous-régionale, tout en reconnaissant la réalité politique de l’AES.

Une visite aux retombées stratégiques

Cette visite ne s’est pas faite en vase clos. Elle s’inscrit dans un contexte de reconfiguration géopolitique en Afrique de l’Ouest, où chaque acteur tente de redéfinir ses alliances. Pour le Mali, elle offre une occasion de conforter sa posture sur la scène régionale et d’affirmer son indépendance face aux pressions internationales. Pour le Ghana, c’est une manière de renforcer son influence diplomatique et de se positionner comme un pont entre l’AES et la CEDEAO.

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Au-delà des accords et des discours, cette visite marque une étape importante dans la redéfinition des relations intra-africaines. Reste à voir si les engagements pris se traduiront en actions concrètes. Mais une chose est certaine : dans cette partie d’échecs diplomatique, chaque déplacement compte, et Bamako vient d’enregistrer un nouveau coup stratégique.

 

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Ladji Djiga Sidibé

 

Source: Bamada.net

Source: bamada