Les partis politiques sont créés pour conquérir et exercer le pouvoir ; et non pour applaudir et accompagner les régimes comme des clubs de supporters sportifs.
Fustigeant les centaines de partis créés en 5 ans uniquement pour le ‘‘tagnini’’, le secrétaire général de la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) l’honorable Alassane Ag ABBA, ancien député de Goundam rappelle fort utilement à l’assistance conquise que les partis politiques ‘‘ne se valent pas, comme les généraux ne se valent pas, comme les soldats ne se valent pas, les médecins ne se valent, les cadres ne se valent, comme les juges ne se valent pas… C’est un fait naturel. Il y a eu des élections, nous nous connaissions, il y a des grands partis et des petits. Je répète qu’il y a des petits partis qui n’ont que des récépissés. Ils n’ont que des récépissés’’.
Comme lors de la dernière rencontre, le 2 avril dernier, des partis politiques avec le Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA, au cours de laquelle il a dit ouvertement ses 4 vérités, avec son habituel franc-parler, l’honorable Alassane a estimé que sur la question du processus électoral le temps est venu de fixer des limites à la transition et de donner une date de la tenue des élections.
Le processus électoral étant le baromètre dans une démocratie, le secrétaire général de la CODEM estime que le pays ne peut pas aller avec des élections dans le pipeline qui ne se tiendront jamais.
Après près de 5 ans de transition, selon Abba, il y a beaucoup de questions quant à la création des conditions pour des élections apaisées et crédibles. Combien de temps cela va prendre, 10-15 ans ou plus ? S’interroge l’ex-élu de Goundam.
Les yeux dans les yeux, Alassane Ag ABBA dit au général de division Abdoulaye MAIGA, ministre de l’Administration et de la décentralisation, Premier ministre, ‘’de ne pas écouter les gens qui ne les ont connus qu’hier lorsqu’ils sont devenus officier, ministre, lorsqu’ils ont été au pouvoir’’. Ceux-ci, dit-il, ‘‘ne vous connaissent pas, ils ne vous aiment pas. Donc, écoutez seulement votre conscience, votre conscience d’officier’’.
Dans une constance déroutante pour l’ère du temps, le secrétaire général de la Codem avertit qu’ils (les vrais hommes politiques) n’admettons plus jamais que des politiciens de circonstance et d’opportunité, soient là, cachés derrière les militaires, s’accrochant à eux pour escalader faiblement, de façon très courte, d’échelle, et se faire passer pour des autorités. O te se ka ke wo.
A ceux qui rouspètent contre sa liberté de ton, Alassane Ag ABBA les conjure d’accepter qu’il puisse dire son point de vue, car il est venu pour ça : pour trouver des solutions pour notre pays. Avant de leur rappeler qu’ils n’aiment pas les militaires plus que ceux qui parlent librement et loyalement.
Voici les propos transcrits de l’honorable Alassane Ag Abba Secrétaire général du parti CODEM (Convergence pour le développement du Mali) lors de la réunion du cadre de concertation du ministère de l’Administration et de la décentralisation avec les pratiques politiques tenue le jeudi 5 décembre 2024 au Centre des Collectivités.
Je ne vais pas dire mieux que ceux qui m’ont précédé. Parce que je l’ai déjà dit, donner la parole à ceux qui s’expriment est déjà très important. Le problème, c’est que vous faites quelque chose et vous dites «voilà ce que j’ai fait».
C’est vrai, nous avons peur des militaires, mais il faut nous laisser parler. Laissez-nous parler, cela aidera à régler définitivement le problème. En tout cas, nous, quand nous parlons, il n’y a rien que nous puissions cacher, rien que nous puissions faire contre un Malien. Nous ne pouvons pas le faire, nous ne pouvons pas trahir ce pays, nous ne pouvons pas aller contre ce pays. Nous ne sommes que des Maliens, et traitez-nous comme tels.
Le pouvoir actuel n’a pas d’opposants, en tout cas, je n’ai pas entendu un parti politique s’en réclamer. Vous le savez, depuis notre rencontre avec la junte qui a fait le coup d’État (ndlr : le 18 août 2020), nous leur avons dit : ‘‘vous avez l’entière confiance de l’ensemble de la classe politique’’. Mais qu’est-ce qui reste encore ? Ce que nous avons demandé, c’est de nous mettre dans le bain. Car il s’agit de notre pays, nous avons quelque chose à dire. Mais chaque fois que je dis non je ne pense pas que comme ça, les gens vont sortir pour vous dire que ce sont des mauvais Maliens. N’écoutez pas ces gens, hein. Ces gens vous ont connu hier, quand vous êtes devenu Premier ministre, quand vous êtes devenu ministre. Ils ne vous connaissent pas, ils ne vous aiment pas. Donc écoutez seulement votre conscience, votre conscience d’officier.
Quelqu’un a dit ici que vous avez deux casquettes, vous en avez trois, et c’est la troisième qui est derrière est la plus forte pour nous, car vous êtes un militaire. Pour nous, un militaire, quand il dit, il fait. C’est ce qui fait que nous avons peur, nous avons peur des militaires. C’est ça la vérité. Beaucoup de gens vous disent «nous sommes d’accord « parce qu’ils ont peur. C’est ça la vérité. Sinon, pour beaucoup, ce n’est pas vrai ce qu’ils vous disent. S’ils vous disent les élections à vue, là, c’est faux.
Il faut limiter, vous donnez un jour où les élections vont se tenir. Nous ne pouvons pas continuer avec des élections qui ne se tiendront jamais. Nous avons fait près de cinq ans. Cette fois-ci, on dit qu’il faut créer les conditions pour des élections apaisées et crédibles. Cela va prendre combien de temps ? 10 ans ? 15 ans ?
Vraiment, soyez très clairs avec nous. Nous sommes d’accord, quel que soit ce que j’avais dit une fois aux militaires quand je les ai rencontrés. Donnez-nous un délai, quel que soit le délai au cours duquel vous pouvez faire le travail. Respectez le délai. Mais quand vous voyez que votre délai ne tient pas, n’ayez pas peur de revenir pour nous dire que ça ne tient pas parce qu’il y a ceci, il y a cela. Nous sommes des Maliens, nous sommes conscients. Nous savons ce qui est tenable et ce qui n’est pas tenable.
Mais nous n’admettons pas que des hommes politiques soient là, cachés, qui n’ont jamais pu être de vrais politiques, ils s’accrochent à vous aujourd’hui pour escalader faiblement, de façon très courte, d’échelle, et se faire passer pour des autorités.
Je ne suis pas d’accord avec ceux qui ont dit ici que les partis se valent. Les partis ne se valent pas, comme les généraux ne se valent pas, comme les soldats ne se valent pas, les médecins ne se valent, les cadres ne se valent, comme les juges ne se valent pas… C’est un fait naturel. Il y a eu des élections, nous nous connaissions, il y a des grands partis et des petits. Je répète qu’il y a des petits partis qui n’ont que des récépissés. Ils ont des récépissés.
J’ai lu tout à l’heure, je suis très convaincu, J’ai lu que dans les perspectives, il y aura la relecture de la Charte des partis politiques. Pourquoi cette relecture attend ? Voyez le nombre de gens qui sont là dans cette salle. Alors que quatre, cinq partis politiques, six partis politiques auxquels nous avons fait confiance pouvaient faciliter ce travail (…) En cinq ans 300 partis politiques, c’est étonnant. Il faut le revoir à la baisse. Et ça, c’est dit, ça fait partie des recommandations des assises. Pourquoi cette recommandation est seulement dans les perspectives alors qu’il y a certaines recommandations, on commence à les appliquer. C’est une priorité, car ce sont les partis politiques qui vont concourir. Cela veut dire qu’il faut que nous soyons dans les capacités de concourir et que nous soyons très forts.
Mettons-nous ensemble si nous voulons conquérir, sinon nous ne conquerrons rien, nous n’aurons rien. C’est ce que j’ai dit aux gens qui disent que les partis ne vont jamais se valoir. Quelqu’un qui a fait quatre conseillers municipaux et des gens qui ont plus de 1000 conseillers municipaux, nous n’allons pas les mettre dans la même balance. Ce n’est pas juste, M. le Ministre, ce n’est pas juste.
Pour rebondir sur l’affaire de l’AIGE, car c’est cette histoire qui nous a amenés à aller à un tirage au sort, car chacun dit que je suis parti, je peux être. Ce n’est pas juste. Toutes les lois qui ont existé depuis la première loi électorale, nous avons tenu compte du fait majoritaire. Le fait majoritaire, ce n’est pas pour rien que le législateur l’a inséré. C’est pour éviter que 300 partis politiques ne se retrouvent dans une telle situation.
Imaginez-vous aujourd’hui si on dit «bon, voilà, il y a un poste pour tous les militaires» et qu’on ne fixe pas des critères. Qu’est-ce que ça va donner ? On va faire un tirage au sort entre vous. Cela ne tient pas. Vraiment, je préfère vous le dire, car je suis sincère avec vous. C’est ça la vérité. Je sais que ça fait mal à certains. Alors, ils ne sont pas ici, ils ont dit ce qu’ils voulaient faire. Personne ne leur a dit quoi que ce soit.
Acceptez que nous disions notre point de vue, car nous sommes là pour ça. C’est pour trouver des solutions pour notre pays. Vous n’aimez pas ces gens plus que nous, ce n’est pas possible. Alors que ces gens-là ont fait ce que nous n’avons pas eu à faire. Donc, Monsieur le Premier Ministre, félicitations. En tout cas, moi, je n’ai jamais douté du fait que vous êtes un homme compétent, car le simple fait de me donner la parole, de m’écouter dire ce que je pense, me rassure.
Merci.
Transcription libre
Source : Info Matin
The post Alassane Ag Abba Secrétaire général du parti CODEM: ‘‘ ils vous disent «d’accord» parce qu’ils ont peur de vous’’ appeared first on Bamada.net.
Source: bamada