Détenus depuis plus de 125 jours, beaucoup s’interrogent sur les fondements sur lesquels ces hommes politiques sont maintenus encore en prison.
Depuis le début du mois de septembre, précisément après l’ordonnance du juge d’instruction du tribunal de grande instance de la commune 5 accordant la liberté sous contrôle judiciaire des 11 leaders politiques issus des rangs des signataires de la déclaration commune du 31 mars 2025, le monde politique bruissait de l’imminence du retour dans leurs familles respectives des détenus, mais aucun geste allant en ce sens n’a été acté. Ce faux bond judiciaire a provoqué une levée de boucliers dans le pays. La libération de ces leaders politiques interpellés, dans le cadre de l’expression libre de leurs opinions politiques, au cours d’une réunion privée dans un domicile privé contribuerait certainement à la décrispation du climat sociopolitique et à la réconciliation nationale tant prônée par les autorités en place depuis le 18 août 2020. Il est important pour les autorités en place et l’ensemble des parties engagées dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel de créer un bon climat en vue de la bonne organisation des élections annoncées. Les leaders politiques et tous les autres prisonniers incarcérés pour avoir osé exprimer des opinions dissidentes sont devenus aux yeux de l’opinion des « martyrs vivants ». Placés en détention dans différentes prisons du pays, depuis plus de quatre mois, ils n’ont pas encore été entendus sur le fond du dossier : atteinte ou tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’état, atteinte ou tentative d’atteinte à l’ordre public, opposition à l’exercice de l’autorité légitime, etc. Des accusations graves, mais infondées !
L’évolution de la situation socio-politique de notre pays montre que le moment est venu de se parler et de se réconcilier. La tenue du Dialogue inter malien, la célébration de la fête de l’indépendance le 22 septembre passé, l’élaboration de la Charte pour la réconciliation et la paix offrent des cadres idéaux pour que les maliens de tous bords se surpassent dans le sens du pardon. C’est pourquoi le Président de la Transition fraîchement promu Général d’Armée doit prendre le leadership du processus de réconciliation, par la libération générale des prisonniers politiques et d’opinion.
Aux yeux de l’opinion publique, ces détentions sont des tentatives « vaines » de liquidation de la classe politique, en vue de mettre d’autres agendas politiques cachés.
Malgré l’ordonnance du juge, les multiples médiations des leaders religieux et d’autres personnalités politiques, le maintien prolongé en détention provisoire de ces leaders laisse penser que le gouvernement ne compte pas céder sur son « affaire ». Parce que mû par sa farouche volonté de liquider la classe politique et de museler toutes les voix dissonantes. On ne veut pas perturber la tranquillité de la conduite de la transition, car tout semble marcher comme sur des roulettes russes…L’adhésion populaire est acquise, la résilience du peuple est entretenue, il pleut abondamment jusqu’à importer l’océan à l’intérieur du pays, la lune suffit pour illuminer les cours des maisons, la rentrée des classes devient tributaire des aléas du climat….
Le maintien prolongé de ces leaders politiques en détention est scandaleux, quand cela fait plus de 125 jours que les autorités judiciaires en charge du dossier n’apportent pas la moindre preuve d’actes commis par les personnes détenues qui pourraient constituer une infraction reconnue par le droit malien. Ces responsables politiques, parmi lesquels des avocats, des anciens ministres et députés n’auraient jamais dû être arrêtés. Il apparaît évident que les autorités en place les maintiennent enfermés pour des motifs purement politiques. Elles doivent les libérer immédiatement et abandonner toutes les charges qui pèsent sur eux. Depuis le 18 août 2020, les autorités militaires en place ont intensifié l’utilisation abusive de la justice pour museler la dissidence politique et instiller la peur chez tous les porteurs de voix dissonantes. Malgré l’appel du procureur du tribunal de grande instance de la commune 5, il n’a pas pu être démontré jusque-là que la détention provisoire des onze leaders politiques encore privés de liberté est nécessaire et proportionnée, comme le prévoit le droit malien en la matière. La présomption d’innocence fait partie des garanties du droit à un procès équitable. Nos textes prévoient que les personnes inculpées d’une infraction pénale ne seront pas placées en détention pendant l’enquête ou en attendant le procès, sauf si cela est strictement nécessaire. La détention provisoire ne peut être justifiée que pour un nombre limité de motifs tels que le risque de fuite, de grave préjudice causé à autrui ou d’ingérence dans les éléments de preuve ou dans l’enquête.
C’est un secret de polichinelle que les autorités en place se sont installées dans un déni continuel des droits humains les plus élémentaires et l’instrumentalisation de la justice. Par ailleurs il est à relever que la détention préventive sans jugement des prisonniers d’opinion semble être la règle dans notre pays, ce qui est préjudiciable à leurs droits. La détention de ces leaders politiques militants est arbitraire, contraire à l’exercice de leurs droits à la liberté de réunion pacifique, la liberté d’expression et de mouvement. D’où leur libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que l’annulation des poursuites et l’abandon des charges éventuelles contre eux.
Dans tous les cas, la place de ces hommes de valeur et de conviction n’est pas en prison au moment où le Mali a fortement besoin de tous ses enfants.
Contribution d’’un militant ADEMA
Source : L’Alternance
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