Il souffle un vent nouveau sur l’Afrique francophone. Après les départs successifs des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la Côte d’Ivoire, à son tour, décide de reprendre les rênes de son destin militaire. Une dynamique qui marque la fin d’une ère et le début d’une nouvelle trajectoire pour le continent.
Côte d’Ivoire : un signal fort
Le président Alassane Dramane Ouattara a récemment annoncé le retrait des forces françaises du camp du 43e Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA) à Abidjan. Un geste hautement symbolique qui reflète l’évolution des rapports de force entre la France et ses anciennes colonies. En rebaptisant cette base du nom du Général Ouattara Thomas d’Aquin, premier chef d’état-major ivoirien, le pays affirme avec éclat sa souveraineté retrouvée.
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Le tournant sahélien
Ce retrait s’inscrit dans un contexte où la présence française en Afrique est de plus en plus contestée. Les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger, désormais regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont amorcé une rupture sans précédent avec Paris. Ce rejet de la présence militaire étrangère reflète un sentiment partagé par de nombreuses populations africaines, qui aspirent à des partenariats plus équilibrés.
Le Sénégal et le Tchad emboîtent le pas
La Côte d’Ivoire n’est pas un cas isolé. En décembre, le Sénégal et le Tchad ont également annoncé des réorganisations similaires, mettant fin à la présence militaire française sur leur sol. Ces décisions montrent une volonté croissante de ces nations de reprendre le contrôle de leur sécurité, mais elles posent aussi des défis majeurs.
Un retrait, et après ?
La France, qui voyait en l’Afrique un pilier de sa stratégie militaire, se retrouve désormais limitée à deux bases permanentes : au Gabon et à Djibouti. Cette réduction témoigne d’une profonde mutation des relations entre Paris et ses partenaires africains. Mais ces départs posent une question cruciale : comment ces pays gèreront-ils les menaces sécuritaires, notamment jihadistes, sans le soutien direct des forces françaises ?
Une souveraineté en quête de consolidation
La modernisation des armées nationales, évoquée par le président Ouattara, sera essentielle pour relever ce défi. Mais il faudra également que ces pays investissent massivement dans leurs capacités logistiques et opérationnelles. La souveraineté ne se décrète pas, elle se construit, pas à pas, avec des moyens adaptés et une vision claire.
Vers une indépendance économique ?
Au-delà de l’aspect militaire, ces évolutions interrogent sur l’avenir économique du continent. La France a longtemps bénéficié des ressources stratégiques de ses anciennes colonies pour nourrir son économie. Ce désengagement progressif pourrait ouvrir la voie à une diversification des partenariats et, espérons-le, à une meilleure gestion des richesses locales au profit des populations.
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Une Afrique en mouvement
L’exemple ivoirien est un signal fort pour les autres nations africaines. Il invite à repenser les relations internationales, à privilégier l’autonomie et à œuvrer pour une unité continentale face aux défis communs. La fin de la présence militaire française pourrait bien être le prélude à une transformation plus profonde des rapports entre l’Afrique et le reste du monde.
Alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à tourner la page du 43e BIMA, c’est toute l’Afrique francophone qui semble entrer dans une nouvelle phase de son histoire. Une phase où la souveraineté, tant revendiquée, devient une réalité à construire. Si les défis restent immenses, les opportunités le sont tout autant. À ces nations désormais de prouver qu’elles sont à la hauteur de leurs ambitions.
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MLS
Source: Bamada.net
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