Chronique : L’Algérie et le Mali, un voisinage sous tension

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Les relations entre le Mali et l’Algérie ressemblent à ces vieux chemins de brousse, sinueux et semés d’embûches, où chaque pas semble rappeler les blessures du passé. Les récents propos d’Ahmed Attaf, Ministre des Affaires étrangères algérien, sur la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme, ont ravivé les braises d’une tension jamais vraiment éteinte.

Un dialogue impossible ?

Bamada.net-Depuis des années, le Mali et l’Algérie peinent à s’entendre sur l’essentiel : la sécurité au Sahel. Le Mali accuse régulièrement son voisin du Nord d’un double jeu, de soutenir en coulisses ceux-là mêmes qui sèment la terreur dans la région. Cette fois encore, Bamako ne mâche pas ses mots. Le ton est ferme, presque cinglant : l’Algérie est invitée à balayer devant sa propre porte, à s’occuper de ses crises internes, notamment la question kabyle, au lieu de donner des leçons au Mali.

 

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Mais derrière ces échanges tendus, une réalité éclate : les succès récents des Forces Armées Maliennes, appuyées par la Confédération des États du Sahel (AES), semblent déranger. Ces avancées sont la preuve que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en unissant leurs forces, peuvent reprendre le contrôle de leur destin sans l’aide de leurs puissants voisins.

Le poids du passé

L’histoire des relations entre le Mali et l’Algérie est marquée par une ambiguïté persistante. D’un côté, l’Algérie a longtemps joué les médiateurs dans les crises maliennes, notamment lors des accords de paix. De l’autre, Bamako voit en Alger un acteur opportuniste, parfois plus prompt à protéger ses propres intérêts qu’à soutenir véritablement la stabilité régionale.

La critique malienne de l’Algérie repose sur un grief ancien : cette dernière offrirait un refuge aux groupes armés terroristes, leur permettant de se réorganiser et de frapper à nouveau. Cette accusation, déjà formulée dans le communiqué 064 de janvier 2024, refait surface aujourd’hui avec une vigueur renouvelée.

Une souveraineté en marche

Le message de Bamako est clair : le Mali est souverain, et ses choix stratégiques ne sont pas négociables. En rejetant toute ingérence, le Mali rappelle à l’Algérie que son passé de médiateur ne lui donne pas un droit de regard éternel sur les affaires maliennes.

Ce rappel à l’ordre s’inscrit dans une dynamique plus large. Depuis le coup d’État de 2020, le Mali a progressivement redéfini ses alliances et ses priorités. Avec ses partenaires du Burkina Faso et du Niger, le pays s’est engagé dans une lutte acharnée contre le terrorisme, refusant de céder à la pression extérieure.

Quel avenir pour la coopération ?

Dans ce contexte, quelle place reste-t-il pour une coopération sincère entre le Mali et l’Algérie ? Peut-être est-il temps pour Alger de revoir son approche, de passer du rôle de tuteur à celui de partenaire véritable. Quant au Mali, il devra continuer à prouver que sa souveraineté affirmée peut s’accompagner d’une stabilité durable.

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Les chemins sinueux de la diplomatie entre les deux pays peuvent encore se croiser, mais pour cela, il faudra qu’Alger abandonne son paternalisme et que Bamako maintienne le cap de l’autonomie stratégique.

En attendant, le Sahel observe. Et le Mali avance.

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Moussa Keita

 

Source: Bamada.net

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