COMATEX : L’Usine Qui Refuse de Mourir

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La Compagnie Malienne des Textiles (COMATEX) ressemble à un patient en soins intensifs. On lui administre des perfusions financières, on tente de la ranimer par des plans de relance, mais elle demeure entre la vie et la mort. Pourtant, cette usine de Ségou, jadis symbole du dynamisme industriel malien, ne veut pas mourir. Son histoire, parsemée de crises et de relances, illustre à la fois la résilience et les errements d’une gestion publique souvent en quête de repères.

Bamada.net-Le dernier rapport du Bureau du Vérificateur Général (BVG) vient enfoncer le clou. À la lecture de ses conclusions, on oscille entre consternation et fatalisme. Gouvernance hasardeuse, absence de stratégie, approvisionnements opaques, machines vétustes… Tout y est. On y apprend que les décisions du Conseil d’Administration sont prises avec un retard abyssal, que les rôles au sein de l’usine sont distribués comme dans une partie de loterie, et que la production n’atteint même pas 60% des objectifs.

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Et pourtant, l’État malien continue d’y croire. Après avoir repris 100% du capital en 2023, il a injecté 922 millions de FCFA pour relancer la machine. Résultat ? Une perte sèche de 300 millions de FCFA en 2023, et une année 2024 qui s’annonce encore plus difficile. Une usine textile où l’électricité et les machines absorbent plus de 80% des charges, peut-elle réellement survivre dans un pays où l’énergie reste un luxe ?

Le malheur de la COMATEX, c’est aussi celui d’un pays qui peine à transformer localement ses ressources. Le Mali, grand producteur de coton, envoie l’essentiel de sa matière première à l’étranger. La filière textile, autrefois florissante en Afrique de l’Ouest, s’est effondrée face à la concurrence asiatique et aux coûts énergétiques exorbitants. Autrefois, Ségou faisait tourner ses métiers à tisser avec fierté. Aujourd’hui, elle regarde ses usines agoniser, dans l’attente d’un miracle.

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Mais les miracles industriels ne se produisent que là où il y a une vision. Ce que recommande le BVG n’a rien d’extraordinaire : fixer des objectifs clairs, mieux gérer les ressources, moderniser l’outil de production, et surtout mettre fin aux achats sans mise en concurrence. Ce sont des bases élémentaires de gestion que l’on semble redécouvrir à chaque crise.

Alors, faut-il encore croire en la COMATEX ? Faut-il continuer à investir dans une usine qui peine à se réinventer ? Ou bien est-il temps d’admettre l’échec et de penser à une nouvelle approche pour l’industrie textile malienne ?

Une chose est sûre : tant que l’on continuera à répéter les mêmes erreurs, la COMATEX continuera d’osciller entre agonie et espoir. Une usine qui refuse de mourir… mais qui ne parvient pas à renaître.

 

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Moise Touré

 

Source: Bamada.net

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