En prison depuis près de quatre mois, 11 leaders politiques, pas des moindres n’arrivent toujours pas à retrouver leur liberté en dépit d’une ordonnance prise par le juge et demandant leur libération pure et simple. Pour rappel leur arrestation fait suite à une réunion politique tenue au domicile privé d’un de leurs.
Qualifiée de défiance à l’autorité de l’Etat, de trouble à l’ordre public et même d’atteinte à la sureté de l’Etat, cette rencontre ne saurait constituer d’infraction même si les activités politiques étaient suspendues. C’est pourquoi la classe politique dans son écrasante majorité implore la bonne foi des autorités afin d’obtenir la libération des siens. Les camarades des leaders politiques détenus demandent leur libération au nom de la réconciliation et de l’apaisement du climat sociopolitique. La classe politique va-t-elle être entendue par les hautes autorités du pays ? Envisagera-t-elle d’autres voies si son invocation venait à échouer et cela conformément à la démocratie et à la liberté de revendiquer ses droits ? L’apaisement du climat social et la réconciliation ne passeront ils pas par la libération sans condition des 11 leaders politiques détenus ?
Nul ne pourra contester que la démocratie soit fortement malmenée et que les libertés sont mises entre parenthèses. Personne ne pouvait imaginer que 33 ans après l’avènement de la démocratie, au prix d’énormes sacrifices des braves citoyens qui ont accepté d’être des martyrs, que les maliens allaient être encore privés de leurs droits les plus élémentaires, comme ceux de se réunir, de s’exprimer et d’aller et de venir en toute liberté et en toute sécurité. Indiscutablement ceux qui sont arrêtés le sont beaucoup plus par la volonté de ceux qui ont fait le choix de réprimer toutes voix discordantes, sinon une simple réunion dans un domicile privé organisé par des anciens ministres ne pourrait en aucun cas constituer un danger pour la République et ses institutions. Il serait sage de la part des autorités d’accorder à ces leaders la grâce afin qu’ils retrouvent les siens. Qu’il soit dit en passant il y a deux septuagénaires, rien qu’à cause du poids de leur âge et de leur santé précaire les autorités doivent être clémentes en leur permettant de recouvrer la liberté.
La classe politique va-t-elle être entendue par les hautes autorités du pays ?
La sagesse africaine recommande d’être clément, humble et tolérant lorsqu’on a le pouvoir, car tout pouvoir absolu corrompt absolument. Cette affirmation est une forte interpellation vis-à-vis des autorités de la transition afin qu’elles sachent la gestion d’un pays n’est ni une course de vitesse et qu’elle doit être faite en alternant le bâton et la carotte. La demande de clémence faite par la classe politique est une belle opportunité à saisir pour les autorités afin de relaxer les 11 détenus politiques. Leur libération sera non seulement de l’aubaine pour leurs familles biologiques et politiques, mais aussi et surtout contribuera à décrisper la tension politique et participera, à n’en pas douter, à la réconciliation et à l’apaisement du climat sociopolitique. Donc vivement une bonne lecture de la part des autorités afin qu’elles se rendent à l’évidence que la paix n’a pas de prix et aucun sacrifice ne sera de trop pour sa réalisation. En libérant ces détenus politiques on aura amorcé un bon virage vers le rassemblement des forces vives pour dégager un large consensus autour de la transition et pour sa fin heureuse.
Envisagera-t-elle d’autres voies si son invocation venait à échouer et cela conformément à la démocratie et à la liberté de revendiquer ses droits ?
Si les autorités de la transition sont réellement animées par le souci du rassemblement, de la réconciliation, de l’apaisement du climat social et du consensus, il n y a pas de raison qu’elles ne permettent pas à ces leaders politiques de recouvrer la liberté. Dans le cas contraire il est du devoir de tout citoyen de se battre pour revendiquer ses droits et surtout exiger le respect de ces mêmes droits. En effet, La Constitution garantit à chaque citoyen le droit de revendiquer pacifiquement, ce droit n’étant pas jusque-là remis en cause il revient aux militants et sympathisants des leaders politiques incarcérés d’user de tous les moyens légaux pour obtenir gain de cause. Pour rappel la démocratie à laquelle une large place a été consacrée dans la loi fondamentale, n’étant jusqu’à preuve de contraire remise en cause, a offert un éventail d’actions conformément aux lois en vigueur en République du Mali, il revient à la classe politique d’agir pour obtenir la libération des leaders détenus
L’apaisement du climat social et la réconciliation ne passeront ils pas par la libération sans condition des 11 leaders politiques détenus ?
Il n y a sans nul doute point de réconciliation encore moins d’apaisement du climat sociopolitique sans la libération des 11 leaders et détenus politiques. En tout cas pour le peu de temps qui reste avant la fin de la transition, du moins à en juger par certains actes posés par les autorités, il serait de bon ton pour les autorités de penser à rassembler et à réconcilier les maliens. La vocation d’une transition n’étant pas de s’éterniser, de diviser ou de s’ériger en régime démocratiquement élu, les autorités doivent alors être guidées par le bon réflexe, celui d’unir les maliens. Qu’elles soient persuadées qu’il n’y aura jamais d’élections paisibles, transparentes et inclusives sans un large consensus de toutes les forces vives de la nation. Pour pallier d’éventuelles crises pré et postélectorales aux conséquences incommensurables il faut rassembler et réconcilier les maliens. L’on n’ose espérer que les autorités accepteront la demande pressante de la classe politique et libérer en conséquence les 11 prisonniers politiques.
En somme, Pour paraphraser l’un des grands sages africains en l’occurrence l’ancien Président ivoirien Félix Houphouët Boigny qui dit que la paix n’est pas un mot, mais un comportement, il faudrait ajouter que la réconciliation n’est pas un slogan mais des actes qu’on pose. Sinon il y a eu la semaine de la paix et de la réconciliation, qui n’aurait pas permis aux autorités de libérer tous les détenus politiques en vue d’un apaisement du climat sociopolitique.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance
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