Cyber-harcèlement : Un mal virtuel qui fait des ravages au Mali

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Le cyber-harcèlement ou harcèlement en ligne est une atteinte grave à la dignité humaine sur internet. Il consiste entre autres, à intimider et à humilier la victime par des messages d’insultes, des moqueries et des menaces. Ainsi, il fait partie des diverses formes de cybercriminalité. Dans le monde, ils sont beaucoup à être victimes du phénomène. Particulièrement au Mali, une enquête effectuée par ‘’U report Mali ‘’en 2019 auprès de 5.829 personnes a permis de faire ressortir que parmi elles 37%  ont été victimes du fléau.

Le phénomène est viral et impacte la vie de ses victimes. Au Mali, beaucoup d’internautes subissent le cyberharcèlement, mais la plupart préfèrent se taire là-dessus pour se morfondre dans un silence rongeur. Ils sont de toutes les couches sociales, personnalités publiques, influenceurs, jeunes ou adultes. Cependant, les plus touchés par ce fléau sont les femmes, les jeunes filles et les personnes en situation de handicap.

Différentes formes de Cyber-harcèlement

Selon Sonia Benbelaid-Cazenave, psychologue et commandante de la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile de Bordeaux (France), dans son ouvrage « Harcèlement sur les réseaux sociaux = le cyber-harcèlement », il existe différentes formes de cyberharcèlement. Parmi celles-ci, elle cite notamment : les messages insultants, violents ou vulgaires ; les rumeurs, ragots et diffamations visant à nuire à la réputation ; l’usurpation d’identité à des fins malveillantes pour porter préjudice au véritable propriétaire du pseudonyme. Elle mentionne également le happy slapping (ou vidéo-lynchage), une pratique consistant à filmer une agression ou une humiliation afin de la diffuser par la suite, ainsi que la divulgation d’informations intimes ou confidentielles, ou encore de photos dénudées ou à caractère sexuel.          Témoignages de certaines victimes

« On me harcèle sur les réseaux sociaux, que ce soit sur WhatsApp, Facebook, Messenger, tous les jours. Ce sont des arnaqueurs. Même si tu leur dis de ne pas t’écrire, ils insistent à chaque fois et peuvent même appeler ou envoyer des SMS avec des numéros inconnus. Parfois jusqu’à 10 messages » a témoigné sur la plateforme Benbere, Aïchatou Diarra, victime de cyberharcèlement. A savoir que ‘’Benbere’’ est une plateforme malienne spécialisée dans la lutte contre la désinformation, les discours de haine et le cyberharcèlement.

Comme Aïchatou, ils sont nombreux à être des proies à dévorer de ce phénomène. Courant 2024, Naïssa Traoré, une Tiktokeuse malienne en sanglot lors d’un live qui a défrayé la chronique, a déclaré être harcelée en ligne notamment sous ses vidéos. On la traitait de tous les noms d’oiseau et l’accusait de tous les péchés d’Israël. « Ils ont dit que je suis prostituée et que je me rends à Dubaï pour prendre de l’argent avec des hommes pervers arabes, comme dans Porta-Porti. Alors que c’est faux…Maintenant, ils sortent dire que je suis lesbienne. Je ne sais plus que faire, sauf à supprimer mon compte Tiktok… » lamente-t-elle, les larmes aux yeux.

Âgée de 24 ans, Diaka, une influenceuse malienne bien connue sur le réseau social Tik-Tok pour son commerce a partagé la partie sombre de  son statut d’’’influenceuse’’ dans la chronique ‘’Grin’’ de la Plateforme ‘’Benbere’’ en ces termes : « Chaque jour, je reçois des messages haineux et des commentaires dégradants, auxquels je ne réponds pas. Pour ce qui est des dragueurs à qui je ne cède pas. Ceux-ci prennent plaisir à m’insulter constamment, insinuant que mon commerce n’est qu’une façade pour la prostitution » explique Diaka. Menant son activité sur ce réseau social, elle renchérit que c’est difficile de trier parmi ceux qui sont clients ou pas, car, dit-elle, la plupart se font passer pour des clients au départ. « C’est épuisant  et cela m’affecte énormément » se plaint l’influenceuse.

Également la 1ère nationale du Baccalauréat malien 2024, Bintou Flamousso Diallo a fait l’objet de cyber-harcèlement  après que son père ait déclaré que le succès de sa fille est dû à ce qu’elle n’a pas de smartphone à fortiori d’être sur les réseaux sociaux. A la suite de cette déclaration, la bachelière a été la cible des messages et des commentaires négatifs sur le réseau social ‘’Facebook’’, là où des gens ont piochés des images d’elle partout sur Meta, dans le but de démentir le propos du père.

 

Que dit l’enquête réalisée sur le phénomène en 2019 par U report Mali ?

À en croire une étude de sondage en 2019 sur le cyber-harcèlement réalisée par U report Mali, une plateforme sociale développée par UNICEF en partenariat avec le Gouvernement malien, auprès de 5.829, 37% des répondants dit être victimes de cyber-harcèlement ou de violence en ligne avec un taux de réponse de 97%. Et l’expérience s’est faite publiquement sur les réseaux sociaux pour 31% des victimes, 58% souligne l’avoir subi via des discussions privées et 11% atteste endurer le cyber-harcèlement sur d’autres plateformes numériques.  La région principale de cette étude est le district de Bamako. Parlant du réseau social qui semble le plus violent, 92% ont pointé le doigt sur Facebook et  2% ont parlé d’Instagram.

Visualisation graphique des données

Les conséquences du cyber-harcèlement sur ses victimes

Elles sont nombreuses, les conséquences du cyber-harcèlement sur les sujets touchés. Selon le psychologue Bréhima Ballo, le phénomène provoque la perte d’estime en soi, de la torture mentale, le sentiment d’être envahie et agressé dans sa vie intime, l’anxiété, et les troubles du sommeil et d’humeur.

Pour prévenir ce fléau, le psychologue Ballo conseille d’éviter de publier des informations personnelles ou intimes sur les réseaux sociaux. Il recommande également de s’abstenir de partager certaines informations ou de communiquer avec des personnes en qui l’on n’a pas pleinement confiance ou que l’on ne connaît pas suffisamment. Par ailleurs, il insiste sur l’importance de signaler tout cas de cyberharcèlement au juge chargé de la lutte contre la cybercriminalité et de solliciter l’aide des unités de prise en charge disponibles dans les One-Stop Centers.

Il est important de noter que le cyberharcèlement est puni au Mali par la loi n°2019-056 relative à la répression de la cybercriminalité. Cependant, aucune étude approfondie récente n’a été réalisée sur ce phénomène. Or, ce sujet mérite une attention particulière de la part des autorités compétentes, au vu des ravages causés par ce fléau virtuel, aux conséquences dévastatrices.

 Mariam Sissoko

Source : Le Sursaut

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Source: bamada