Diplomatie : Bamako recentre sa coopération avec Alger

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Après une longue séquence de tension entre le Mali et l’Algérie, Bamako prétextant la visite, à Alger, de l’influent religieux, l’iman Mahamoud Dicko, hostile au pouvoir de transition, pour lui faire endosser son impasse politique, les relations s’étaient dégradées jusqu’à la rupture.

Le rapprochement a commencé lorsque les autorités de transition de Bamako ont accordé l’agrément au nouvel ambassadeur d’Alger. Et c’est finalement le jeudi 14 novembre dernier que M. Kamel Retieb a été reçu au palais de Koulouba et a présenté ses lettres de créance pour la prise de ses fonctions.

Ni l’atmosphère ni le ton n’étaient les mêmes qu’il y a quelques semaines. Qu’on en juge. «J’ai reçu ce jeudi 14 novembre les lettres de créance de trois nouveaux ambassadeurs représentant l’Algérie, le Japon et l’Arabie Saoudite, réaffirmant les liens d’amitié et de coopération entre le Mali et ces nations», a déclaré le président de la transition, Assimi Goita, dont le propos a complètement changé, particulièrement vis-à-vis de l’Algérie, «réaffirmant les liens d’amitié et de coopération ». Ce virage des autorités maliennes qui ont longuement ferraillé pour enterrer l’accord de paix et de réconciliation au Mali, dit Accord d’Alger, en chargeant l’Algérie d’avoir imposé son point de vue, d’avoir fait pression sur le gouvernement malien pour signer le document qui désavantageait Bamako. Bamako cherchait un prétexte pour enclencher une escalade «diplomatique», appuyée, s’est-il avéré plus tard, par des forces étrangères hostiles à l’Algérie.

Plus récemment, alors que les actes terroristes ont atteint l’arrière-cour de Bamako, le chef de la diplomatie malienne a lancé, à la tribune de l’ONU à l’occasion de son assemblée générale, une diatribe d’une rare violence et sans retenue contre l’Algérie qu’il a accusée d’être à l’origine de la crise que traverse le Mali… depuis le coup d’Etat contre le président Ibrahim Boubakar Keita, en mai 2021.

Depuis, la population attend les promesses des militaires qui, le mieux qu’ils ont fait, est de concentrer les efforts et les moyens de l’Etat dans la lutte pour la restauration de la souveraineté de l’Etat sur tout le pays, et prolonger le délai du rétablissement de l’ordre constitutionnel. La répression s’est abattue sur les partis politiques et les personnalités, dont l’iman Dicko, soutien des militaires un temps, avant de devenir «ennemi» pour avoir réclamé des élections pour remettre le pouvoir aux civils.

Les échos triomphalistes de l’opération de pacification du nord, des Fama, l’armée malienne soutenue par les russes, ont été vite sabordés par l’incursion en septembre dernier d’un groupe terroriste dans l’aéroport de Bamako.

La classe politique a repris son courage pour réclamer d’écourter la transition, s’appuyant également sur l’échec sécuritaire et la crise économique qui a affecté la société malienne. La Mali a été à plusieurs reprises à court d’électricité l’été dernier, affectant la population, mais aussi les industriels. Au point où les autorités de transition se sont retrouvées isolées, sans soutien politique ni populaire et contraintes, résignées, à chercher des issues à l’extérieur.

C’est comme si ce n’est que maintenant que les autorités ont saisi le sens du discours des responsables algériens, du président de la République au ministre des Affaires étrangères qui ont exprimé maintes fois leur attachement à l’intégrité du Mali, sa souveraineté, et sa sécurité. Assimi Goïta a enfin montré, le jeudi dernier, une volonté de sortir de son isolement où il s’est engouffré depuis 2021.

Youssouf Konaré

Source : Le Nouveau Réveil

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