Le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a marqué de son empreinte l’histoire récente du Mali. Acteur clé de la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en août 2020, le mouvement s’est rapidement imposé comme une force incontournable de la scène politique malienne. Pourtant, son absence totale dans le gouvernement actuel, dirigé par le Général Abdoulaye Maïga, soulève des questions sur son rôle, son avenir et les leçons que le peuple malien peut tirer de cette expérience.
Une montée fulgurante, un déclin rapide
Bamada.net-Le M5-RFP, né dans la contestation populaire, a été l’un des principaux moteurs des manifestations de 2020, qui ont précipité la chute d’un régime démocratiquement élu. Ce mouvement hétéroclite, rassemblant des figures politiques, des activistes, des religieux et des personnalités de la société civile, avait su capter l’attention et les aspirations de nombreux Maliens frustrés par les crises politiques, économiques et sécuritaires du pays. Toutefois, son passage au gouvernement, notamment avec Dr. Choguel Kokalla Maïga à la Primature, n’a pas produit les résultats escomptés.
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En effet, loin de matérialiser la vision du “Mali Kura” tant chantée, le M5-RFP a rapidement révélé ses propres faiblesses. Les contradictions internes, les luttes d’intérêts et le manque de cohésion entre ses membres ont contribué à son implosion. Les attentes de justice pour les tueries des 11, 12 et 13 juillet 2020 restent insatisfaites, et la gestion gouvernementale du mouvement a coïncidé avec une détérioration de plusieurs secteurs, notamment une crise énergétique sans précédent.
L’héritage d’une transition tumultueuse
Le double coup d’État d’août 2020 et de mai 2021, avec l’arrivée des militaires dirigés par le Colonel Assimi Goïta (aujourd’hui Général), a placé le Mali dans une situation de transition prolongée. Le départ des figures du M5-RFP du gouvernement et la marginalisation de leurs leaders marquent un retour à la “case départ” pour ce mouvement.
Certains membres influents du M5-RFP, autrefois au cœur de la lutte, se retrouvent aujourd’hui en prison, en exil ou dans une situation délicate. L’Imam Mahmoud Dicko, figure emblématique du mouvement, est en fuite hors du pays. Clément Dembélé et Issa Kaou Djim, autres piliers du mouvement, sont emprisonnés. Quant à Oumar Mariko, il a choisi l’exil. Cette série de revers peut être perçue comme une conséquence des divisions internes, mais également comme une manifestation de ce que certains appellent le “karma” politique.
Des enseignements pour l’avenir
Le M5-RFP a incarné l’espoir d’un changement radical. Cependant, son incapacité à traduire ces espoirs en actes concrets a contribué à renforcer le scepticisme des Maliens vis-à-vis des mouvements insurrectionnels. La chute d’un régime démocratiquement élu, même dans un contexte de crise, a entraîné une instabilité politique dont les conséquences continuent de peser lourdement sur le pays.
Aujourd’hui, il est crucial pour le Mali de tirer des leçons de cette période. La transition actuelle, bien que marquée par des avancées significatives, notamment dans la montée en puissance de l’armée, doit être un tremplin vers des élections transparentes et inclusives. Le soutien à la transition reste essentiel, mais il doit être accompagné d’une vigilance citoyenne pour éviter les dérives autoritaires.
La responsabilité collective
Le rôle de la presse, comme celui de Bamada.net, est de maintenir une impartialité stricte en relatant les faits de manière éthique et responsable. L’avenir du Mali dépendra de la capacité de tous les acteurs – militaires, politiques, société civile et citoyens – à travailler ensemble pour construire un avenir durable.
La transition doit être vue comme une opportunité de renforcer les institutions démocratiques et de restaurer la confiance entre le peuple et ses dirigeants. Il est impératif que les Maliens se rappellent que la stabilité et le développement durable passent par des processus démocratiques respectueux des lois et des institutions.
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En conclusion, l’histoire récente du M5-RFP, avec ses hauts et ses bas, doit servir de leçon au Mali tout entier. La quête d’un “Mali Kura” ne peut réussir qu’avec l’unité, la justice et le respect des principes démocratiques. Les Maliens doivent se mobiliser pour que l’élection à venir marque un véritable nouveau départ pour leur pays.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net
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