Étienne Fakaba Sissoko : Le silence a parlé pour moi

0
119
“Ils ont voulu me faire taire.
Alors le silence a parlé pour moi.”
Merci. Et que le silence continue de parler.
Chers amis, frères, sœurs, camarades,
Je suis sorti.
Mais je ne suis plus le même…
Douze mois d’enfermement.
Douze mois de silence, de solitude, de prière, d’écriture.
Douze mois qui n’ont pas seulement été une peine.
Ce fut un pèlerinage.
Un pèlerinage intérieur.
Vers l’endurance.
Vers l’écoute.
Vers ce lieu en soi où l’homme apprend à ne pas trahir ce qu’il croit juste,
même dans l’obscurité.
Je veux dire ici ma gratitude profonde à toutes celles et ceux qui, depuis le premier jour, ont refusé que ce silence m’engloutisse.
Merci aux partis politiques, aux syndicats, aux mouvements citoyens,
aux leaders religieux chrétiens et musulmans, qui ont élevé la voix sans haine, mais avec foi.
Merci à la presse nationale et internationale, aux amis, collègues, camarades, étudiants, qui ont veillé dans la dignité.
Merci aux organisations de défense des droits humains, en particulier Amnesty International, la FIDH, aux ONG nationales, aux associations locales, et aux hommes et femmes qui ont osé demander justice.
Un remerciement sincère à PEN International et aux défenseurs de la liberté d’écrire dans le monde entier, pour avoir rappelé que la plume, même enfermée, reste une lumière.
Je n’oublie pas les frères de captivité,
ceux qui partagent encore aujourd’hui les mêmes murs, et ceux qui m’ont accompagné d’un regard, d’un geste, d’un mot.
Je remercie aussi les surveillants humains et le personnel pénitentiaire qui a su, par moments, faire de la prison un espace de dignité partagée.
Je ne reviens ni pour me plaindre,
ni pour crier vengeance.
Je reviens transformé,
comme on revient d’un désert.
Je reviens pour écrire, pour transmettre, pour veiller.
Car ce silence que j’ai traversé,
je ne veux pas qu’il soit oublié.
Je veux qu’il serve.
Merci. À chacun. À chacune.
Le combat pour la vérité continue.
Mais il se poursuit avec foi, avec paix, et avec une lumière intérieure
que personne ne pourra confisquer.
Étienne Fakaba Sissoko
27 mars 2025

Source: bamada