A moins de deux semaines des fêtes de fin d’année, les velléités de festivités semblent plombées par le marasme économique et le taux galopant de l’inflation que connaît le pays depuis deux ans. Pour cela, beaucoup de chefs de familles sont dans l’angoisse et le désarroi.
Les fêtes de fin d’année ont déjà commencé. Quand on sillonne la ville des Trois caïmans (Bamako), on constate qu’elle change de look. Les monuments sont nettoyés de fond en comble, certains repeints pour leur donner plus d’éclat, les jeux de lumière illuminent et embellissent déjà la capitale surtout au niveau de grandes artères.
La nuit de passage, on se croirait même à Miami, New-York, Dubaï, Shanghai ou Rotterdam. Cependant, derrière cet embellissement se cache une autre réalité que vivent les Maliens au quotidien. Il s’agit de la crise sécuritaire et économique qui sévit au Mali et qui ne fait pas exception en cette période de célébrations.
Les angoisses liées à la manière de célébrer les fêtes en famille se font sentir, notamment pour la fête de Noël qui consacre la naissance de Jésus-Christ qui sera célébrée la semaine prochaine. Certains chefs de familles chrétiens font face à un dilemme, car ils ne savent plus où mettre de la tête à cause de la rareté du nerf de la guerre “l’argent” et l’envol des prix du porc, mouton et bœuf sur le marché.
“Avec le peu d’argent que j’ai pu économiser pour la célébration de la fête de Noël, la semaine dernière, je me suis rendu au marché du porc pour prendre la température des prix. Mais, c’est incroyable. Je n’en revenais pas. On dirait qu’à chaque fête de Noël, les vendeurs de porc font exprès d’augmenter les prix. Pour être honnête avec vous, ça ne va pas du tout. Je ne sais pas d’ailleurs comment faire pour fêter la nativité du Christ”, s’exclame Robert Dougnon, un chef de famille.
Selon M. Dougnon, à cause de cette crise économique, cela fait deux ans qu’il ne parvient plus à inviter ses amis musulmans à fêter Noël dans la communion et la fraternité comme l’enseigne le Christ dans la sainte Bible.
En plus de Noël, il y a aussi la traditionnelle célébration de la fête de la Saint-Sylvestre qui consiste à fêter l’arrivée du Nouvel an, en veillant jusqu’à minuit le soir du 31 décembre, dernier jour de l’année du calendrier grégorien, jour retenu par l’Eglise catholique pour célébrer le Pape Sylvestre Ier. Cette fête est également touchée par la situation économique morose du pays.
Au-delà de l’aspect économique, la grave crise énergétique et la hausse généralisée des denrées de première nécessité que continuent de vivre les Maliens ont enfoncé le clou.
Après notre passage chez certains vendeurs de volaille, la situation est alarmante. Pour preuve, de grands vendeurs de volailles de renom dans les quartiers comme Magnambougou, Sokorodji et Banankabougou ont cessé leur activité à cause du manque d’électricité et le coût jugé trop élevé du maïs qui est l’un des aliments principaux pour engraisser la volaille.
A leurs dires, ces deux facteurs vont être les déclencheurs d’une pénurie de poulet en cette veille de célébration des fêtes de fin d’année (Noël et Saint-Sylvestre) où la demande est forte.
Outre le poulet, choisir sa tenue parfaite pour le 31 décembre peut sembler intimidant pour certains. Mais les Bamakois préfèrent s’habiller en costume-cravate. Pour les femmes, c’est généralement en robe asymétrique ou combinaison en dentelle.
Tout comme le marché de la volaille, le marché du prêt-à-porter connaît aussi une morosité, car les clients se font rares dans les boutiques. La principale raison évoquée par les vendeurs est la morosité des affaires économique dans le pays.
Aux Halls de Bamako, des vendeurs de prêt-à-porter espèrent que malgré cette morosité d’ici le jour-J les clients vont passer pour choisir leur tenue pour que la fête soit belle.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune
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