Fonds de soutien: ce qu’en pensent des citoyens

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La nouvelle taxe sur les communications et les opérations mobil-money dénommée ’’Fonds de soutien’’ est en vigueur dans notre pays depuis ce mercredi 5 mars 2025. Sa mise en application intervient quelques semaines après la décision prise en Conseil des ministres, le 05 février 2025. Alors ce fonds serait destiné au financement des projets d’infrastructures de base et de développement social, des Maliens n’adhèrent pas à la décision au motif que le salaire des ministres et des membres du Conseil national de Transition (CNT), ne connaît pas une diminution malgré le contexte de crise. D’autres, par contre, saluent vivement l’initiative.

Oumar COULIBALY, commerçant : «Je salue cette initiative du gouvernement».
A mon avis, cette initiative est à saluer. Parce que le pays à fort besoin de soutien financier face aux défis sécuritaire et humanitaire. Le seul problème que je peux souligner, c’est le fait que les populations n’ont pas été alertées par les autorités nationales.
La prise de décision et son application ont été rapides.
On pouvait se donner le temps de lancer une campagne de sensibilisation pour que les gens comprennent avant que la décision ne soit prise.
Mais, à la grande surprise des citoyens, la décision a été mise en application le mercredi 5 mars, à peine un mois. Sinon, tout citoyen doit aider son pays physiquement, financièrement et moralement. Si l’État décide, personne n’a le choix. En tout cas, j’accepte que les frais soient enlevés dans mes comptes téléphoniques.
Oulématou SISSOKO, agent de santé : «On pénalise les pauvres citoyens pour ce fonds de soutien ».
Ce sont les pauvres qui vont subir les conséquences de ce fonds de soutien. Parce que nous vivons dans un pays où tout est cher. S’il faut couper encore des frais sur les communications et les opérations mobiles, c’est bonjour la galère.
Vraiment, ce n’était pas la bonne manière pour chercher un fonds de soutien. Aujourd’hui, 2 maliens sur 3 vivent dans le pétrin. Souvent, on achète 100 francs de crédit afin de régler une affaire, mais avec ce fonds de soutien, ce n’est plus possible.
Donc, cela rend encore la vie très complexe au citoyen lambda. Vraiment, je n’apprécie pas l’initiative.
Cette décision prouve que les Maliens continuent toujours de souffrir. Parce que, je sais comment je vis.
La priorité parmi les priorités au Mali doit être la baisse des prix des céréales, suivie de la santé également. Mais, nous voyons que c’est le contraire. Donc, vraiment, ce n’était pas nécessaire qu’on pénalise les pauvres citoyens au nom de ce fonds de soutien.
Karim DIARRA, tailleur : «Je n’accepterai jamais ce fonds de soutien »
Je ne suis pas du tout d’accord avec ce fonds de soutien. Parce que, mon travail est lié à l’électricité. Et, depuis plus de 2 ans, nous n’avons pas de courant. Je n’arrive même pas à travailler à cause de cette coupure de courant. Au moment où nous souffrons de cette coupure d’électricité, on nous oblige à payer un fonds de soutien.
Je n’accepterai jamais qu’on enlève ce fonds de soutien sur mes communications et mes opérations mobiles. Parce que, Dieu seul sait comment je vis aujourd’hui. A la veille du carême, le patron de l’EDM a promis que la population aura le courant pendant 19 heures. Il n’arrive pas à honorer cet engagement, on vient encore taxer les pauvres.
Aboubacar Sidiki DRAME, tailleur : « je dis non à ce fonds de soutien »
Cette initiative n’est pas du tout claire. Parce que, d’abord, le partage des ressources financières de l’État n’est pas bon. On ne fait que taxer seulement les citoyens lambda. On ne peut pas parler de déficit financier et augmenter encore le budget national.
J’ai remarqué que les dépenses sont au-dessus des revenus.
Les dépenses doivent être conformes aux revenus.
Donc, ce fonds de soutien n’a pas son sens. Je ne l’accepte pas. Les 75% du budget sont injectés dans le budget de fonctionnement. Comment imaginer que le budget de fonctionnement soit supérieur au budget de développement.
Cela veut dire que le développement n’est pas leur priorité.
Le calcul du budget est non seulement mauvais, mais aussi, ce fonds de soutien ne va nulle part. Parce que tout le monde sait que le Mali est très mal gérée par les militaires. Et, c’est au vu et au su de nous tous. Les autorités nationales devraient tout d’abord commencer à diminuer le budget de fonctionnement de toutes les Institutions au profit du budget de développement.
Aussi, le Président de la Transition, en toute responsabilité, devrait diminuer le salaire des ministres à 50% comme le Burkina Faso l’a fait. Il devrait supprimer le salaire des membres du Conseil national de Transition. Parce qu’ils savent tous que le Pays traverse une crise. Mais, quand on nomme les chômeurs dans les Institutions, c’est pour qu’ils gagnent sur le dos de l’Etat. Si les choses marchaient sérieusement, on n’allait pas parler de corruption à ciel ouvert pendant cette Transition. On a attendu dire par un membre du CNT que même un ‘’pikini’’ ne sera pas coupé de leur salaire. Celui-ci ne devrait pas passer encore une nuit dans le CNT, si le patriotisme y était au sommet de l’État.
Donc, du fait que les autorités nationales n’ont pas eu le courage de baisser leur salaire, vraiment je n’accepte pas ce fonds de soutien. Et, ils le coupe dans mes comptes téléphoniques, ça sera remboursé.
Amadou MAIGA, commerçant détaillant : «Tout doit commencer au Mali, par la diminution de salaire des ministres et du CNT»
Au moment où nous cherchons à nous nourrir, les autorités nationales ne pensent qu’à imposer un fonds de soutien. Les autorités de la Transition ne veulent pas diminuer leur salaire, mais elles taxent les populations au nom du Fonds de soutien, sur les communications et opérations mobiles. Ce n’est pas normal, car la vie est chère au Mali. Ce fonds de soutien est une imposition que je n’accepte pas.
Je ne veux pas que ça soit prélevé sur mes communications et opérations mobiles.
Au Mali, tout devrait commencer par la diminution de salaire, et surtout pendant la Transition. Combien de milliards de francs CFA ont été détournés pendant cette Transition.
Il faut reconnaître que 90% des Maliens vivent dans la galère pendant cette Transition. Au lieu de chercher à soulager les citoyens, on continue de les taxer. Que les autorités de la Transition versent à 50% de leur salaire comme fonds de soutien en communiquant le montant qui a été coupé de leur salaire. Cela pourrait nous convaincre. C’est en ce moment que j’accepte ce fonds.
KEITA Djeneba KEITA, présidente de la Fédération des associations des veuves militaires et paramilitaires : «Je considère ce fonds de soutien comme effort de guerre»
J’ai beaucoup apprécié l’initiative de ce fonds de soutien. Parce que, la sécurité est avant toute chose. On ne peut rien faire sans que tu ne sois en sécurité. Un pays sans armée n’est pas un État.
L’armée malienne mérite le soutien. Je considère ce fonds de soutien comme un effort de guerre.
En 2012-2013, j’ai fait une collecte de fonds de plus de 9 milliards pour soutenir l’armée. A l’époque, une seule personne m’a donné un milliard neuf millions comme sa contribution en faveur des Forces armées maliennes, sous le régime de Amadou Aya SANOGO. Aujourd’hui, l’armée a pu récupérer le territoire national jusqu’à Kidal. Alors pourquoi ne pas soutenir les autorités de la Transition. Vraiment, je veux que les autorités coupent à chacun, 200F par jour, dans nos comptes téléphoniques. Ce fonds de soutien est une très bonne initiative, et j’encourage les autorités nationales à multiplier ces genres d’initiatives pour que le Mali avance.

Propos recueillis par SABA BALLO

Source : Info Matin

Source: bamada