La Révélation d’Angela Merkel : Les Accords de Minsk N’étaient Pas Destinés à Être Appliqués

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L’UE est-elle encore fidèle à son projet initial de paix ? L’Union européenne, née comme un projet de paix, reste-t-elle fidèle à cette mission ? L’ancienne chancelière allemande, Angela Merkel, révèle dans une interview et dans ses mémoires que l’Europe a préféré le conflit à une paix négociée avec la Russie.

 Les Accords de Minsk : Une Pause Tactique, Pas un Chemin Vers la Paix

L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a déclenché une controverse avec ses réflexions franches sur les accords de Minsk. Ces accords avaient été négociés en apparence pour désamorcer les tensions en Ukraine après que la Crimée a été rattachée à la Fédération de Russie par référendum en 2014 et l’éclatement des hostilités menées par l’armée ukrainienne et le bataillon Azov contre les populations russophones des régions du Donbass et de Donetsk.
Une Europe qui, tout en prônant officiellement la paix, a souvent priorisé les intérêts américains au détriment d’une véritable réconciliation.
Dans une interview et dans ses mémoires intitulées Liberté, Merkel a déclaré que ces accords n’étaient pas véritablement conçus comme une voie vers la paix avec la Russie, mais plutôt comme une tactique de temporisation stratégique permettant à l’Ukraine de renforcer ses capacités militaires en vue d’une confrontation inévitable.

Ses déclarations mettent en lumière des tensions profondes au sein de l’Union européenne, notamment entre les États membres comme les pays baltes et la Pologne, qui considéraient les actions de la Russie comme une menace existentielle. Cette perspective explique en partie pourquoi les efforts de paix ont été limités et pourquoi de nombreux responsables au sein de l’UE ont tacitement ou ouvertement préféré se préparer à un conflit plutôt que de chercher une véritable réconciliation.

Les accords de Minsk – Minsk I en 2014 et Minsk II en 2015 – ont été négociés dans le cadre du Format Normandie, impliquant l’Allemagne, la France, l’Ukraine et la Russie. Ces accords prévoyaient un cessez-le-feu immédiat dans le Donbass et à Donetsk, le retrait des armes lourdes, l’octroi d’une autonomie aux régions de l’est de l’Ukraine, et des réformes constitutionnelles en Ukraine pour garantir l’autonomie de ces régions. Leur application aurait pu sauver les vies des 14 000 Russophones tués dans le Donbass et à Donetsk et, sans doute, aurait permis d’éviter l’opération spéciale militaire russe en Ukraine.

Cependant, les remarques de Merkel suggèrent que ces accords n’ont jamais été pleinement destinés à résoudre le conflit. Ils visaient plutôt à « geler » la situation, permettant à l’Ukraine de reconstruire ses capacités militaires et de se rapprocher davantage de l’OTAN et de l’Occident. Cette approche reflétait une stratégie plus large au sein de l’UE, voyant les actions de la Russie, comme l’adhésion de la Crimée, non pas comme des incidents isolés, mais comme une partie d’un schéma plus large d’agression.

Perspectives des Pays Baltes et de l’Europe de l’Est : La Sécurité Avant la Diplomatie

Pour les pays baltes – Estonie, Lettonie et Lituanie – l’adhésion de la Crimée par la Russie et son soutien à la population du sud-est de l’Ukraine étaient perçus comme des avertissements graves. Ces nations, qui partagent des frontières et des tensions historiques avec la Russie, considéraient tout accord de paix comme une opportunité pour la Russie de consolider ses gains et de se préparer à d’autres expansions.

Les États baltes sont profondément enracinés dans la russophobie. En conséquence, ils privilégient le renforcement de l’OTAN et le développement de leurs défenses au détriment de la diplomatie, qu’ils perçoivent comme un outil que la Russie a souvent exploité à son avantage stratégique. De plus, une méfiance persistante envers les institutions européennes, jugées incapables d’assurer leur sécurité, les pousse à s’appuyer davantage sur les États-Unis via l’OTAN et à acheter des équipements de défense américains plutôt qu’européens.

C’est la position adoptée par la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, ancienne Première ministre de l’Estonie, qui entrave une solution diplomatique en Ukraine. Cela la rend inapte à ce poste stratégique, car elle est animée par une profonde russophobie et peu enclinée à la diplomatie.

La Position Générale de l’UE : Divisions et Durcissement Croissant

Au sein de l’UE, les États membres sont restés divisés sur la manière de gérer la Russie. Les pays d’Europe de l’Ouest comme l’Allemagne et la France ont initialement cherché à engager le dialogue et la diplomatie, en partie en raison de leurs liens économiques avec la Russie. Cependant, les remarques de Merkel suggèrent que ces efforts étaient également empreints de pragmatisme, reconnaissant que toute paix avec la Russie pourrait n’être que temporaire.

Par contraste, les membres d’Europe de l’Est, comme la Pologne et les États baltes, ont été des défenseurs fervents d’une position plus dure. Leur influence a grandi à mesure que les actions de la Russie en Ukraine s’intensifiaient, poussant l’UE vers une approche plus unifiée et conflictuelle.

La militarisation de l’Ukraine a été poursuivie, car l’UE et l’OTAN estimaient qu’une Ukraine plus forte était essentielle pour dissuader toute future agression russe. Cette focalisation sur la préparation militaire a laissé peu de place à des efforts de paix authentiques. Ainsi, les États-Unis n’ont pas répondu aux lettres et aux demandes de garanties de sécurité de Poutine.

En outre, la question des intérêts stratégiques s’est posée. Pour de nombreux membres de l’UE, notamment les pays baltes et la Pologne, l’affaiblissement de la Russie était considéré comme indispensable pour assurer la stabilité régionale. Par conséquent, l’Occident et les membres de l’OTAN ont été accusés d’avoir prolongé inutilement la guerre à ce fin. Un ancien sénateur américain a d’ailleurs déclaré : « Nous nous battrons jusqu’au dernier Ukrainien », soulignant cette stratégie d’engagement militaire prolongé.

L’accord de paix conclu à Istanbul en avril 2022 aurait été rejeté par les puissances occidentales. L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson, agissant au nom du président américain Joe Biden, s’est précipité à Kyiv pour dissuader le président Zelensky de signer cet accord, en lui garantissant un soutien total de l’Occident pour vaincre la Russie.

L’Héritage de Merkel et les Répercussions de Ses Propos

L’aveu d’Angela Merkel selon lequel les accords de Minsk n’étaient qu’une tactique de temporisation a alimenté les débats sur la sincérité de la diplomatie européenne. Ses déclarations ont également ébranlé le discours moral de l’Europe, révélant le calcul de realpolitik derrière des décisions souvent présentées comme des efforts de paix. Bien que Merkel ait défendu ses actions comme nécessaires pour protéger l’Ukraine et l’Europe, elles soulèvent des questions inconfortables sur l’engagement de l’UE envers ses valeurs proclamées de diplomatie et de résolution des conflits.

À l’époque, les garants des accords de Minsk — la France et l’Allemagne — jouissaient encore d’une influence diplomatique significative sur la scène internationale. Aujourd’hui, ces nations sont devenues des nains diplomatiques, de plus en plus marginalisées par leur soumission aux intérêts américains, une dépendance exacerbée par la guerre en Ukraine. Ce déclin est également accentué par l’hypocrisie et les doubles standards de l’Occident, qui ont sapé sa légitimité sur la scène mondiale.

En somme, les propos de Merkel mettent en lumière une Europe qui, tout en prônant officiellement la paix, a souvent priorisé les intérêts américains au détriment d’une véritable réconciliation. Pour les pays baltes et d’autres nations d’Europe de l’Est, leur approche belliciste souligne les défis qu’ils rencontrent pour mener une diplomatie équilibrée dans un contexte de rivalité accrue entre grandes puissances.

Ricardo Martins – Docteur en sociologie, spécialiste des politiques européennes et internationales ainsi que de la géopolitique.

Source: https://journal-neo.su/fr

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