L’Angola surpris par la rencontre Kagame-Tshisekedi à Doha

La rencontre mardi (19.03) à Doha, au Qatar, entre le président congolaisFélix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, continue de susciter des réactions. Parmi elles : celle d’António Tete, le ministre angolais des Affaires étrangères, dont le pays est le médiateur de la crise entre la RDC et le Rwanda.

António Tete estime qu’ »aux problèmes africains, (il faut) des solutions africaines ». Car la rencontre de Doha a eu lieu le jour où devaient s’ouvrir, à Luanda, des pourparlers directs entre les rebelles de l’AFC-M23 et le gouvernement congolais.

L’analyse de Dieudonné Wamu Oyatambwe : docteur en sciences politiques et chercheur associé à la Vrije Universiteit de Bruxelles.

Dieudonné Wamu Oyatambwe : C’est vrai que c’est une rencontre qui a surpris tout le monde. Parce qu’il n’y avait pas de bruit autour. La rencontre a également eu lieu le même jour où devaient s’ouvrir, à Luanda, des pourparlers directs entre les rebelles de l’AFC-M23 et le gouvernement congolais. L’Angola a beaucoup investi dans ce processus de règlement de la crise entre la RDC et le Rwanda et a donc été surpris qu’une autre initiative de dialogue ait lieu à Doha à son insu.

DW : Est-ce que l’initiative du Qatar ne va pas doucher les efforts consentis par les communautés régionales comme la SADC, l’EAC ou encore par certains

pays de la région comme l’Angola ?

Dieudonné Wamu Oyatambwe : Il y a déjà eu une première rencontre avortée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame en Angola. C’est Paul Kagame qui n’a pas honoré de sa présence. La situation s’est détériorée par la suite.

Il est clair que l’absence du président Kagame et la volte-face de Félix Tshisekedi, puis de la rébellion de l’AFC/M23 sont perçus par l’Angola comme des actes de défiance.

DW : Comme on le constate, le dialogue ne semble pas faire partie de l’agenda des rebelles de l’AFC/M23, soutenus par le Rwanda. Ils semblent privilégier le rapport de forces ?

Dieudonné Wamu Oyatambwe : Depuis la résurgence du M23 (fin décembre 2021), aucun rendez-vous de dialogue n’a été respecté. Tous les cessez-le-feu qui ont été annoncés ont été systématiquement violés. La preuve, l’AFC/M23 continue de s’emparer de nouveaux territoires en dépit des initiatives visant à trouver une solution politique à la guerre qui sévit dans l’est de la RDC, y compris l’initiative du Qatar.