Pourquoi Poutine défie l’Occident en duel? “Il serait en mesure de frapper toutes les capitales européennes”

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“Un duel high-tech du XXIe siècle, une sorte d’expérience technologique”: tel est le défi lancé à l’Occident par le président russe Vladimir Poutine. Son objectuf: prouver que rien n’égale son missile Orechnik. Mais est-ce vraiment le cas? Est-il nécessaire de s’inquiéter? On fait le point avec l’ancien colonel et expert militaire Roger Housen. “Ce missile pourrait potentiellement faire beaucoup de dégâts, même si Poutine pourrait être confronté à un problème à cause des nombreuses sanctions.”

Le missile Orechnik est-il vraiment insaisissable?

Roger Housen: “Oui et non. Poutine ne se contente pas de proposer Kiev comme champ de bataille pour l’expérience. Il sait qu’aucune défense antiaérienne de la capitale ukrainienne ne peut arrêter l’Orechnik. Il s’agit d’un missile balistique dix fois plus rapide que le son et trop haut pour de nombreux systèmes antiaériens. En ce sens, Poutine a raison. Mais le missile n’est pas complètement insaisissable non plus. Pour l’instant, il existe trois types de défense aérienne dans le monde qui peuvent faire disparaître de tels missiles du ciel. Les Américains ont le système THAAD, les Israéliens ont Arrow 3, et la Corée du Sud dispose également d’un système de défense antiaérienne performant.”

Roger Housen: “Oui et non. Poutine ne se contente pas de proposer Kiev comme champ de bataille pour l’expérience. Il sait qu’aucune défense antiaérienne de la capitale ukrainienne ne peut arrêter l’Orechnik. Il s’agit d’un missile balistique dix fois plus rapide que le son et trop haut pour de nombreux systèmes antiaériens. En ce sens, Poutine a raison. Mais le missile n’est pas complètement insaisissable non plus. Pour l’instant, il existe trois types de défense aérienne dans le monde qui peuvent faire disparaître de tels missiles du ciel. Les Américains ont le système THAAD, les Israéliens ont Arrow 3, et la Corée du Sud dispose également d’un système de défense antiaérienne performant.”

“Ces systèmes fonctionnent sur la base d’un vaste réseau de satellites et de radars qui peuvent calculer très précisément la trajectoire du missile. Au moment où ce dernier entre en ‘phase terminale’ et entame sa descente, ils peuvent alors l’intercepter”, ajoute l’ancien colonel. Lorsque Poutine invite l’Occident à un “duel de haute technologie” dans lequel l’Occident déploierait toutes les défenses antiaériennes possibles, il bluffe.

 

“Ce missile se divise en plusieurs ogives. Cela complique non seulement son intercepti­on par les systèmes antiaé­riens, mais permet également d’équiper séparément chaque ogive d’explosifs.”

Roger Housen

“Bien entendu, les systèmes mentionnés ne sont pas répartis dans le monde entier. Outre aux États-Unis, le système américain se trouve également au Moyen-Orient, dans des casernes américaines en Europe et près de Séoul, en Corée du Sud. Bruxelles, Paris, Berlin et d’autres grandes capitales européennes ne sont pas protégées par un tel système. Poutine pourrait donc les frapper”, ajoute M. Housen.

L’image ci-dessous a été récemment diffusée par la chaîne publique russe RT. Elle montre le temps que mettrait un missile Orechnik à atteindre l’Europe depuis le cosmodrome de Kapoustine Iar, une base de lancement dans l’ouest de la Russie. En 12 minutes, il serait à Varsovie, en 15 minutes à Berlin, en 20 minutes à Paris et à Londres. Bruxelles pourrait également être touchée en un peu plus de 15 minutes.

 

Quels dégâts pourrait causer l’Orechnik? 

“Potentiellement beaucoup”, reconnaît Roger Housen. “La fusée peut être équipée de la technologie du MIRV. Cela signifie que le missile peut se diviser en plusieurs ogives. Cela complique non seulement son interception par les systèmes antiaériens, mais permet également d’équiper séparément chaque ogive d’explosifs. Lorsque le missile a été utilisé pour la première fois il y a quelques semaines à Dnipro, l’Orechnik s’est scindé en six projectiles différents. Aucun explosif lourd n’était alors attaché à ces projectiles, ce qui a limité les dégâts.” 

“L’Orechnik peut aussi être équipé d’armes nucléaires. En théorie, du moins. En pratique, la Russie ne le fera pas dans l’immédiat, car le missile n’étant pas encore totalement au point, elle risquerait alors de faire exploser l’ensemble au moment du lancement. Poutine ne va pas se tirer une balle dans le pied”, assure encore l’ancien colonel. 

Quelle est la taille du stock de ces missiles? 

“La Russie en possède quelques-uns, pas plus. L’Orechnik utilisé pour la première fois il y a quelques semaines était un prototype. Le missile souffre encore de quelques problèmes. Sa précision, par exemple, n’est pas tout à fait ce qu’elle devrait être”, explique M. Housen. “Même si Poutine affirme que le missile va désormais être produit en série, cela ne signifie pas qu’il y en aura des centaines dans l’immédiat. Dans le meilleur des cas, la Russie en disposera de dizaines dans quelques mois, mais cela s’arrête là. Il est impossible d’en avoir davantage. En raison des nombreuses sanctions, il est très difficile pour la Russie de se procurer des composants de haute technologie. Des centaines de missiles ne vont certainement pas être produits l’année prochaine, voire les deux années suivantes.” 

Pourquoi Poutine profère-t-il de telles menaces maintenant? 

“Le timing est tout sauf une coïncidence”, affirme l’ex-colonel. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se trouve actuellement à Bruxelles et a dîné mercredi à la résidence officielle du chef de l’OTAN Mark Rutte, en compagnie notamment du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz. “Ces discussions entre Zelensky et les dirigeants européens auraient porté sur le déploiement de troupes terrestres européennes en Ukraine. Les Britanniques ont par ailleurs annoncé une livraison d’équipements militaires d’une valeur de 273 millions d’euros pour l’Ukraine. C’est pour cette raison que Poutine tient ces propos aujourd’hui, sachant pertinemment qu’Orechnik est un énorme problème pour les capitales européennes. Poutine s’engage ainsi dans une guerre psychologique.” 

Est-il nécessaire de s’inquiéter? 

“Non. Pas du tout”, assure Roger Housen. “Aucun missile Orechnik ne tombera prochainement sur Bruxelles, Anvers, Berlin ou Paris. Poutine se rend très bien compte que s’il le fait, ça sera peine perdue. Il se lancera alors dans une course qu’il ne peut pas gagner. Ce que fait Poutine aujourd’hui n’est donc ni plus ni moins que de montrer ses muscles, avec l’intention d’effrayer tout le monde.” 

Source : 7sur7

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