Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ne seront plus membres de l’organisation ouest-africaine. Les chefs d’Etat de la Cédéao ont pris acte, lors du sommet organisé ce dimanche à Abuja, de l’intention des pays de l’AES de quitter l’organisation ouest-africaine. Une période de transition de 6 mois va s’ouvrir à partir du 29 janvier à l’issue de laquelle, fin juillet, la sortie des trois Etats sahéliens de la Cédéao sera définitive.
Nous assistons à la désintégration d’une région autrefois modèle de l’intégration, gardienne des traités de Lagos du 28 mai 1975 et d’Abuja du 3 juin 1991, en raison d’une ingérence malsaine.
Le retrait du Niger, du Burkina Faso et du Mali de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) constitue effectivement un coup dur pour l’unité régionale et, par extension, pour l’unité africaine. Ces événements traduisent les profondes tensions géopolitiques et socio-économiques qui concernent la région.
Les récents coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont exacerbé les divergences entre ces pays et les institutions régionales, en particulier face aux sanctions imposées par la Cédéao. Ces États perçoivent souvent l’organisation comme alignée sur les intérêts occidentaux, notamment ceux de la France.
Néanmoins, ce qu’on peut retenir de ce long bras de fer entre la Cédéao et l’AES, est que les dirigeants de la Cédéao ont tout fait pour montrer à leurs homologues de l’AES que le divorce n’est pas inéluctable et que l’Alliance des États du Sahel peut exister au sein de la Cédéao.
Observateurs, commentateurs et diplomates sont formels : il y a peu d’espoir de dialogue pour que le trio revienne sur leur décision de retrait de la Cédéao malgré la période de transition qui va s’ouvrir à partir du 29 janvier.
Ce retrait divise profondément les populations de trois pays de la confédération créant ainsi trois blocs à savoir : les pro-retraits, anti-retraits et les neutres.
“Je suis un farouche partisan d’un retrait des pays de l’AES de la Cédéao. Pour moi, ce qu’on doit faire, c’est de travailler durement pour assurer notre indépendance dans tous les domaines. Le fait qu’on doit quitter la Cédéao le 29 janvier, ne devrait pas être perçu comme une mauvaise chose. Malgré les avantages qu’offre l’Union européenne, la Grande Bretagne a décidé en toute souveraineté de quitter l’Union européenne, mais Londres continue toujours de collaborer avec 27 pays de l’Union. Je pense que ces trois pays sont dans la même dynamique de collaboration bilatérale avec les autres pays de la Cédéao”, commente ce partisan qui voit ce retrait comme une nécessité absolue, car, selon lui, la Cédéao est devenue une institution épouvantable.
“Je pense qu’il n’est pas trop tard, les dirigeants de l’AES peuvent revoir leur décision pour éviter que le peuple de l’AES ne souffrent des restrictions de la libre circulation des personnes et des biens au sein de la Cédéao. Une libre circulation qui pourrait également limiter les opportunités d’emploi et affecter la mobilité des travailleurs, aggravant ainsi les conditions économiques pour la population malienne”, conseille un anti retrait qui pense que ce retrait est une manœuvre politique pour éviter la tenue d’élections libres et transparentes, permettant ainsi aux régimes militaires de prolonger leur pouvoir ou transition sans rendre de comptes à la communauté internationale.
“Qu’on quitte la Cédéao ou pas, ça ne me fait ni chaud ni froid. L’essentiel est que les trois dirigeants de la confédération construisent une AES forte et prospère calquée sur nos valeurs intrinsèques tout en s’ouvrant sur les autres”, ajoute un tenant de la ligne de la neutralité.
Ousmane Mahamane
Source : Mali Tribune
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