L’annonce de la taxe de solidarité a provoqué une vague d’indignation au Mali, exacerbée par la méthode employée par les autorités de la transition. Ces dernières ont imposé des prélèvements obligatoires à la source sans aucune consultation préalable, suscitant un profond ressentiment. La tentative de communication actuelle apparaît comme une vaine tentative de masquer une erreur initiale.
«Le médecin après à la mort», une expression qui résume parfaitement le sentiment général.
Les autorités ont commencé par imposer la taxe, piochant dans le portefeuille des citoyens, avant d’entamer des rencontres tardives avec les forces vives de la nation.
Ces rencontres, censées sensibiliser, informer et obtenir l’adhésion de la population, sont perçues comme une tentative désespérée de justifier une mesure déjà appliquée. Quel intérêt de consulter et de sensibiliser sur une mesure en vigueur depuis trois semaines et adoptée pour cinq ans renouvelables ?
Le ministre de l’Agriculture et celui de l’Élevage et de la Pêche respectivement Daniel Siméon KELEMA et Youba BA ont donné le ton en rencontrant les faîtières du monde rural au Centre international de conférences de Bamako.
Un exercice de sensibilisation et d’information qui ressemble davantage à une tentative de «parer à un réveil tardif du gouvernement face à une taxe dont le rejet semble consommé».
Les autorités régionales, notamment les gouverneurs de Nioro du Sahel et de Tombouctou, ont emboîté le pas en relayant les mêmes messages aux autorités traditionnelles et légitimités locales, également mises devant le fait accompli.
Ces dernières, tout comme le reste de la population, n’ont pas été consultées en amont et sont désormais appelées à «contenir la contestation».
Recourir à ces campagnes de sensibilisation, trois semaines après l’application de la taxe, dénote une prise de conscience tardive de la difficulté à faire accepter cette mesure.
Cela révèle également une «improvisation plate» de la part d’un gouvernement «pris à la gorge».
Cette situation illustre parfaitement l’expression «la charrue avant les bœufs».
La logique aurait voulu que la sensibilisation et l’information précèdent une telle décision, surtout dans un contexte de crise économique et sociale. Cette «chronologie inversée» est perçue comme une «ignominie» par un peuple qui n’a jamais ménagé son soutien aux autorités.
En plus d’intervenir en retard, l’approche donne l’impression de vouloir couvrir les erreurs d’un gouvernement qui semble faire preuve d’amateurisme et multiplier les impairs dans la gestion de la transition. Ces rencontres apparaissent comme une session de rattrapage pour des autorités qui ont floué la population, avec pour finalité de brandir un simulacre d’adhésion des légitimités traditionnelles et coutumières du pays.
Si ces dernières étaient réellement valorisées, à l’image du Burkina Faso, elles auraient été informées avant l’application de cette mesure perçue comme un «braquage à l’anglaise».
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin
Source: bamada