La masculinité positive désigne un modèle de masculinité qui valorise l’égalité, le respect et la coopération. Dans le cadre du soutien aux femmes dans la sphère publique, cela implique que les hommes utilisent leur position et leur influence pour promouvoir l’inclusion, défendre les droits des femmes et déconstruire les stéréotypes de genre. Cela se traduit par des actions concrètes telles que le soutien aux femmes leaders, la lutte contre le harcèlement ou encore la promotion d’un environnement de travail égalitaire et respectueux. Cette posture joue un rôle dans la construction d’une société plus équitable et prospère.
La masculinité positive met les hommes au centre des efforts pour réduire les inégalités entre les sexes. En favorisant le respect des droits des femmes et leur épanouissement, et en leur transformant en alliés dans la quête d’une société plus égalitaire.
Moussa Drissa Guindo, substitut du Procureur au Tribunal de Grande instance de la Commune I du District de Bamako trouve que la masculinité positive est un modèle d’engagement pour la promotion des droits des femmes. Convaincu de la nécessité de repenser les relations de genre, il milite pour une masculinité positive, un concept qui valorise les qualités associées à la masculinité telles que le courage, la force et la détermination, tout en rejetant ses aspects négatifs. « Nous sommes les alliés des femmes » affirme-t-il.
Selon lui, soutenir les femmes dans la sphère publique n’est pas une simple question de promotion, mais une démarche de construction. « Construire une femme, c’est l’éduquer, l’aider à devenir autonome et épanouie », explique-t-il. Moussa Drissa Guindo plaide pour donner aux femmes les moyens de participer aux prises de décision, notamment dans les sphères politique et sociale.
Il déplore la situation actuelle, où les femmes représentent 49,9 % de la population malienne. « Les femmes doivent être soutenues, y compris sur le plan culturel. Elles ne sont pas des objets, mais des êtres humains qui méritent respect et considération ».
Un plaidoyer pour la révision du Code des personnes et de la famille
En véritable homme de droit, M. Guindo appelle à une révision du Code des personnes et de la famille, notamment en ce qui concerne les questions d’héritage et de succession. « Ces sujets tabous doivent être discutés ouvertement pour sortir d’une simple démarche d’accompagnement et mettre en place des lois sanctionnant certaines pratiques. Le Code doit s’adapter à la réalité du terrain », insiste-t-il.
Dans la même lancée, il précise qu’encadrer les jeunes garçons est une priorité dans la lutte pour l’égalité des sexes. Et d’ajouter que : « Ce combat, nous devons le mener ensemble. Il s’agit de préparer la relève à travers des politiques et des stratégies adaptées, afin de transmettre l’importance du rôle des femmes et des jeunes filles dans notre société ».
L’enjeu de l’application des lois
Ce qui déplore le juge Guindo relève du fait que certaines lois, pourtant votées en faveur des femmes, soient systématiquement violées. Il cite notamment la loi n°052 sur la promotion du Genre favorable à l’amélioration de l’accès des femmes aux postes de nominations administratives et politiques. « Cette loi est régulièrement piétinée. On continue de nommer plusieurs hommes sans respecter les quotas. Il est impératif de mettre en place une structure dédiée pour suivre et faire respecter cette législation », préconise-t-il. Malgré les résistances culturelles et les incompréhensions, Moussa Drissa Guindo reste déterminé à convaincre et à accompagner les femmes dans leur quête d’égalité et de dignité.
Coumba Bah, communicante Genre Chapitre National du Réseau des Femmes Leaders Africaines du Mali (AWLN) estime que l’autonomisation des femmes et leur inclusion dans les instances décisionnelles nécessitent un engagement continu des hommes. Ce rôle repose sur des principes simples : traiter les femmes et les filles comme elles aimeraient être traitées elles-mêmes. De son avis, l’égalité entre les sexes n’est pas seulement une question de justice sociale, mais un levier essentiel pour le développement du pays. « Les efforts en faveur des droits des femmes bénéficieront à toute la société, hommes inclus » confie-t-elle.
A ses dires, pour renforcer l’impact de la masculinité positive, un dialogue national est nécessaire, mais il doit être précédé d’une sensibilisation au sein des familles et des communautés. Les médias, les organisations de la société civile et les leaders religieux pourraient jouer un rôle clé en organisant des campagnes d’information sur les avantages d’une société égalitaire. Elle propose également d’inclure les hommes dans les forums sur l’égalité des sexes, non seulement comme participants, mais aussi comme intervenants. Mais également, d’introduire les notions d’égalité et de masculinité positive dans les programmes scolaires.
Youssouf Bagayoko, Conseiller technique au Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, souligne que son département ne traite pas directement la question de la masculinité positive comme un thème distinct. « Nous abordons cette problématique à travers le prisme du genre, un concept qui permet de discuter des rôles des femmes et des hommes, de leurs droits respectifs et de la complémentarité des deux sexes » explique-t-il.
A l’en croire, cette perspective est intégrée dans toutes les activités du Ministère, notamment les formations, les plaidoyers et les campagnes de sensibilisation. L’objectif, dira-t-il, est de promouvoir les droits humains de manière générale tout en réduisant les inégalités entre les hommes et les femmes, ainsi qu’entre les garçons et les filles.
« Nous nous interrogeons sur les traditions et les cultures qui véhiculent des préjugés, des stéréotypes ou des discriminations plaçant souvent les hommes en position dominante. Nous cherchons à comprendre ce que les hommes peuvent faire pour permettre aux femmes de jouir pleinement de leurs droits, et réciproquement, ce que les femmes peuvent faire pour favoriser l’accès des hommes à leurs droits » précise le conseiller Bagayoko.
Selon lui, que ce soit dans la famille, dans les espaces publics, à l’école ou sur le lieu de travail, le ministère encourage les hommes à participer activement à la promotion des droits des femmes. « Nous constatons des insuffisances et des inégalités qui ne sont pas nécessairement liées aux textes de loi, mais qui existent dans les faits » ajoute-t-il.
Une stratégie nationale en préparation !
Le ministère, révèle-il est en train d’élaborer une stratégie nationale multisectorielle pour améliorer la représentativité des femmes au sein de la haute administration. Ce, à travers une feuille de route, lancée le 8 février 2024. Qui vise à intégrer la dimension genre dans les réformes et processus électoraux. C’est pourquoi, il déclare que c’est essentiel que les femmes participent aux réformes et aux élections au même titre que les hommes. De même, son département mobilise ses partenaires et les structures étatiques pour que cette dimension soit prise en compte dans tous les documents à réviser. « Amener les hommes à accepter et encourager cette participation féminine fait partie intégrante de la masculinité positive » affirme le conseiller Bagayoko.
Il a fait savoir qu’au sein des familles, le ministère travaille à impliquer davantage les garçons dans les tâches ménagères afin de soulager les filles et leur permettre de consacrer plus de temps à leurs études. « Quand une fille rentre de l’école, elle est souvent occupée par la cuisine ou la lessive, tandis que les garçons ont tout leur temps pour réviser leurs leçons. Nous sensibilisons les chefs de famille à une répartition plus équitable des tâches domestiques, afin que les filles puissent elles aussi se concentrer pleinement sur leurs études » souligne-t-il. Que le ministère dispose également de politiques nationales sur le genre et travaille à faire adopter un document stratégique au Conseil des ministres. Il s’agit du Plan décennal de développement de l’autonomisation des femmes, de la famille et de l’épanouissement des enfants. Un plan, affirme-t-il, qui vise à renforcer les initiatives déjà en cours et à encourager une plus grande implication des hommes dans la promotion des droits des femmes.
« Ce combat ne concerne pas uniquement les femmes. Les hommes doivent aussi s’impliquer pour garantir un équilibre et un accès équitable aux droits fondamentaux pour tous » a-t-il conclu.
Par Fatoumata Coulibaly
« Ce reportage est publié avec le soutien de JDH au Mali et NED »
Source : Le Sursaut
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